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Florence-Anne Ambroselli : “Je veux arriver au Ciel épuisée” 

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Florence-Anne Ambroselli

Florence-Anne Ambroselli

Aline Iaschine - publié le 04/06/23 - mis à jour le 09/08/23

Mère de neuf enfants âgés de 11 à 24 ans, artiste et fondatrice de L’Atelier de l’Enfant Jésus, Florence-Anne Ambroselli décrit sa maternité et son quotidien avec spontanéité, originalité et beaucoup d’humour.

Florence-Anne est mère de neufs enfants : Théophane (24 ans), Marie-Lys (23 ans), Amaury (22 ans), Rose-Aimée (19 ans), Joseph-Emmanuel (17 ans), Raphaël-Ange (16 ans), Daniel (14 ans), Azélie (12 ans) et Jean-Baptiste (11 ans). Elle est illustratrice et fondatrice de L’Atelier de l’Enfant Jésus. Quand ses neufs enfants dorment ou sont à l’école, elle s’enferme dans son atelier et dessine l’enfant Jésus ou des saints patrons, ou encore des images pour les fêtes religieuses. Sa mission ? Transmettre Dieu par le dessin et faire connaître sa bonté miséricordieuse. 

Aleteia : Comment est né L’Atelier de l’Enfant Jésus ? 
Florence-Anne Ambroselli : C’est une belle histoire. Je viens d’une famille d’artistes et je suis héritière entre guillemets d’un “talent artistique”. Mon arrière-grand-père, Georges Desvallières était artiste peintre et a fondé les Ateliers d’art sacré avec Maurice Denis, au début du XXe siècle. J’ai donc un patrimoine familial très riche et très beau. Mes parents sont aussi artistes. Je suis l’aînée de dix enfants et mon dernier frère, François-Joseph est le fondateur des Guetteurs. On est hyper artistes dans la famille ! Depuis que je suis toute petite, je me suis toujours exprimée à travers des dessins, en BD rapides. Je n’étais pas très bonne à l’école, à tel point qu’en 5e, j’avais vu un psy. Je me souviens qu’il avait dit : “Surtout laissez-là tranquille, qu’elle dessine toute la journée !”. Voilà comment ça a commencé. Dans ma psychologie je vois tout en dessins et en couleurs.

Très vite j’ai eu des enfants, très rapprochés. Après un accident de voiture, qui a failli me coûter la vie et celle de ma quatrième, il a fallu que je rembourse parce que je n’avais pas d’assurance tous risques. J’avais quatre jeunes enfants et je me suis demandé : “Qu’est-ce que je sais faire qui me permettrait de rembourser la voiture et surtout de garder du temps pour mes enfants ?” Dessiner.

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L’Atelier de l’Enfant Jésus.

Un jour, près de la piscine, je vois mon petit garçon de deux ans. Il était trop mignon, il ressemblait à un ange, à un saint, et j’ai imaginé saint Louis comme ça. C’est ainsi que j’ai dessiné mon premier saint, saint Louis, ensuite j’ai commencé à dessiner des images de première communion et puis ce fameux enfant Jésus Roi d’amour, qui est vraiment l’un de mes premiers dessins d’après Yvonne Aimée de Malestroit.

Pouvez-vous nous parler de votre vie d’artiste et de mère de neuf enfants ? 
Autant vous dire que le rythme est intensément et joyeusement cadencé, avec une organisation artistique. Donc je lâche du lest sur beaucoup de choses. Je pense que Dieu ne m’aimera pas plus si ma maison est hyper bien rangée. On vit dans un joyeux bazar artistique, mais on s’y retrouve. Ma priorité, ce sont nos échanges. On parle beaucoup en famille, on est très communicants. Puis, on travaille. Chacun a son talent, mes enfants adorent cuisiner, on est très artistes, on est très créatifs, donc tout le monde s’y met, tout le monde cuisine, même le petit de onze ans. 

Ce que je sais faire, c’est “être avec” et tant pis, ce n’est pas grave si les chambres ne sont pas rangées. On s’aime et c’est l’essentiel.

Je ne fais pas partie de ces mamans très organisées, à la militaire, et que j’admire. Moi je ne sais pas faire. Ce que je sais faire, c’est “être avec” et tant pis, ce n’est pas grave si les chambres ne sont pas rangées. On s’aime et c’est l’essentiel. J’ai lâché l’exigence du rangement parce que justement je suis plus dans la mission. Je n’ai pas cette idole de la perfection. Mon espérance la plus totale c’est d’arriver au Ciel et de dire à Jésus : “J’ai vécu, et merci. Tu m’as donné de vivre des choses extraordinaires, de rencontrer des gens merveilleux, j’ai vécu avec mes enfants, je les ai aimés, je les ai caressés, je leur ai parlé, j’ai vécu”. La priorité est ce cœur à cœur, c’est l’échange, la rencontre avec les autres. Je sais que ce qui restera, à la fin de ma vie, ce sera cet échange. 

Comment vous ressourcez-vous spirituellement au quotidien ? 
Je le dis vraiment avec beaucoup de simplicité. Jésus, c’est mon tout : c’est mon ami, c’est mon amant, c’est mon amoureux, je l’aime. Je suis quelqu’un de très entier, j’ai besoin de beaucoup donner et de beaucoup recevoir. C’est vital. J’ai donc besoin de passer beaucoup de temps avec Lui, et donc je prie. Ma relation à Jésus est devenue un dialogue, une communication, dans ma conscience je Lui parle toujours. Je dessine entre trois et cinq heures par jour et pendant ce temps, je prie. Je me réveille le matin, j’écoute l’Évangile. Je dis le chapelet, parfois un rosaire, j’écoute beaucoup de méditations, d’enseignements. Donc quelque part ma psychologie est pétrie d’un échange avec une personne vivante, avec le Ressuscité. 

Pour moi Jésus est partout, dans mon café, dans ce que j’ai à faire et c’est ça qui me sauve. Je suis sauvée par Lui quotidiennement.

Mais c’est une vie très incarnée. Pour moi Jésus est partout, dans mon café, dans ce que j’ai à faire et c’est ça qui me sauve. Je suis sauvée par Lui quotidiennement. Tout le monde me demande : “Mais comment fais-tu ?” et en fait je parle à Jésus. Je fais des réunions célestes, c’est-à-dire que de temps en temps quand ça ne va plus du tout, je réunis tous mes amis du Ciel. Je parle à chacun en fonction de son talent, du saint patron. Je dis à Padre Pio : “Là, je suis désolée de te dire que ça ne va pas du tout ! Je trouve que tu n’es pas du tout à l’aise avec les anges gardiens de mes enfants. Il faut que tu carbures, ils sont insupportables, ils n’obéissent pas !”. C’est vraiment un échange réel. Comme je dessine des saints patrons toute la journée, ce sont vraiment des amis. Je rentre en relation. Même dans la rue, je parle à Jésus. Les gens ne peuvent pas me prendre pour une folle, parce qu’’ils ont tous des oreillettes. Ils se disent “elle parle avec quelqu’un d’autre”, mais en fait je parle à Jésus.

Comment transmettez-vous la foi à vos enfants ?
La prière en famille a été notre pilier. Avec le temps, j’ai appris que Jésus veut cet échange cœur à cœur. Au début, je me mettais une pression dingue : on faisait les lectures, les psaumes, on chantait, ça durait des heures, les enfants n’en pouvaient plus. Finalement je pense que Jésus aime l’échange. Aujourd’hui on dit des prières courtes, des prières longues, certains soirs c’est juste un Je vous salue Marie

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Famille de Florence-Anne-Ambroselli.

Maintenant que les enfants grandissent, j’espère de tout mon cœur leur avoir donné cet élan pour rentrer en relation avec Jésus. Parce que la prière c’est une relation, la prière c’est parler avec Lui. Bien sûr on passe par des récitations, on en a besoin. Mais une fois qu’on a dit notre chapelet ou qu’on a lu l’Évangile, j’aime dire à Jésus : “Coucou Jésus, je suis là, dis-moi j’ai un problème, j’ai du mal à avancer dans mon travail, je suis fatiguée, la maison est dans un état pas possible, mets de l’ordre”. Je pense que Jésus aime ça et je ne fais que transmettre à mes enfants, après le reste ne m’appartient pas du tout. Je reste une mère insistante auprès du cœur de Jésus, pour demander la conversion de mes enfants, puisque la vie est une succession de conversions. Je prie tous les jours avec insistance que le Seigneur vienne rencontrer mes enfants, et que mes enfants le rencontrent. Puis je pense que c’est très important de leur laisser la liberté. 

Le plus grand martyre pour le cœur d’une maman, c’est de voir que nos enfants passent à côté de l’essentiel.

Notre responsabilité en tant que parents est de semer et après on laisse germer. Et celui qui fait germer c’est le Seigneur. Nous, nous devons prier. J’ai toujours dit au Seigneur : “Le plus grand martyre pour le cœur d’une maman, c’est de voir que nos enfants passent à côté de l’essentiel”. Je le dis souvent au Seigneur, je ne veux pas souffrir de ça. Après Il fait son job. Je sais que ça mettra peut-être cinquante ans pour certains, mais en tout cas Jésus y veille. 

Qu’aimez-vous le plus dans votre maternité ? 
Dans la maternité, ce que j’aime, ce sont les échanges, ces cœur à cœur. J’ai une vie débordante, où je suis très sollicitée, très prise. Mais j’essaie d’avoir des moments uniques avec chacun de mes enfants. Mon travail d’illustratrice me prend beaucoup de temps, autant par mon dessin que par les confidences que je peux avoir de mamans, de femmes ou de couples qui ont besoin de créer une image, à la suite d’un décès, un mariage, la perte d’un enfant. Je suis donc très sollicitée. Mais j’essaie de prendre de rendez-vous avec mes enfants. Ces temps-là, j’éteins tout et je suis avec eux. C’est vraiment le secret pour rester en communion, surtout dans nos vies bien remplies. Il y a mon travail en tant qu’illustratrice, qui est un travail missionnaire. Mais mes enfants resteront toujours ma priorité. J’essaie donc de trouver cet équilibre. En tout cas, je veux vivre pleinement cette vie, j’ai envie de me coucher épuisée. J’ai envie d’arriver au ciel épuisée !

Pouvez-vous décrire votre journée idéale ?
Ma journée idéale, c’est quand je réussis dès le matin à me lever en disant : “Jésus que ta volonté soit faite” pour ce jour qui va se montrer plein de surprises. J’aime avoir cette disponibilité intérieure pour me laisser surprendre par l’inattendu de Dieu. 

Pour conclure, avez-vous une citation qui vous inspire ? 
“On obtient de Dieu autant qu’on en espère”, de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Et moi je suis une femme d’espérance. 

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