Accompagné d’un soleil radieux, le mois de mai nous a gratifié d’un vent de ferveur, soufflant sur la jeunesse catholique française. L’affluence record au traditionnel pèlerinage de Chartres, précédée d’une enquête sur le profil des jeunes JMJistes révèle que ferveur et attachement à la Tradition sont de mise dans la jeunesse chrétienne, cuvée 2023 ; pour une part, tout au moins. Devant ce constat, théologiens et sociologues de tout poil y vont de leur analyse… La jeunesse chrétienne serait-t-elle passéiste et réactionnaire ?
Là où souffle l’Esprit
S’il ne faut pas nier la diversité et les fractures diverses existant au sein de cette génération, cette dernière semble largement convaincue qu’un arbre ne peut porter un fruit qui demeure s’il n’est profondément enraciné. Nos jeunes chrétiens ont bien conscience d’être des nains juchés sur les épaules des géants qui les ont précédés. Pour autant, les marcheurs de Chartres et autres pèlerins des JMJ sont sans doute moins nostalgiques des froufrous ecclésiastiques, qu’ivres de l’Esprit Saint. Probablement moins assoiffés de politique que d’amour, beaucoup d’entre eux font d’ailleurs exploser en plein vol l’opposition stérile entre “catholiques d’identité” et “catholiques d’ouverture”. Volontiers tradismatiques, écumant le Jésus Festival autant que le pèlerinage de Chartres, ils n’ont que faire des querelles de chapelles.
Qu’on se le dise, le Royaume des cieux recrute. Il appelle à candidature des saints pour cette génération, des apôtres, des fous en Christ.
Là où l’Esprit souffle, où la Parole est prêchée, où l’unique sacrifice du Christ est célébré, là est leur demeure. Ils sont chrétiens, tout simplement ; ils aiment le Christ et l’Église ; dans la Tradition millénaire et l’Esprit Saint, toujours nouveau. Ces jeunes ont compris que le christianisme est moins une affaire de valeurs et de croyances abstraites qu’une d’histoire d’amour avec un Dieu qui les aime à la folie. Ils savent que c’est en ouvrant les portes et fenêtres de leur cœur à l’Amour qu’ils trouveront la vie en abondance. Ils ont soif de l’Évangile, dans toute sa radicalité. Pas la radicalité qui tue et qui abuse. Une radicalité de miséricorde et d’humilité, celle qui aime et fait grandir. L’Évangile, sans en enlever une miette, sans en dissimuler les exigences morales sous le tapis ni brader la croix du Christ pour un plat de lentilles. La radicalité du mendiant de Dieu, qui attend tout de Dieu et rien de lui, qui prend Dieu au sérieux, sans trop se prendre au sérieux. Qui laisse Dieu être Dieu en lui.
Ils n’ont pas peur de nager à contre-courant
Avant tout, ces jeunes chrétiens ont entendu. Ils ont entendu le cri que Jésus adresse au monde du haut de la croix : “J’ai soif !” Oui, Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, a une soif infinie, invraisemblable, d’être aimé de nous. Dieu veut infiniment plus pour nous, il a tellement davantage de lui-même à nous donner. Qu’on se le dise, le Royaume des cieux recrute. Il appelle à candidature des saints pour cette génération, des apôtres, des fous en Christ, des missionnaires, des prophètes, des soldats de l’amour, des ambassadeurs du Royaume de Dieu, des influenceurs de la grâce… Alors, cette génération, pourtant guère meilleure que les précédentes, souhaite répondre à l’appel, et envoie son CV ; bien décidée à étancher la soif de Jésus. Elle aussi a soif. Pas d’un vague “absolu” ou d’un “sacré” fourre-tout, mais de beauté, de bonté, de vérité.
Alors que la fille aînée de l’Église fait sa crise d’ado, et que le temps des cathédrales semble bel et bien envolé, les jeunes catholiques, dans leur pluralité, n’auront de cesse de faire tenir à la France les promesses de son baptême.
Les jeunes catholiques n’ont que faire de “jouer au chrétien”, comme on jouerait à un hobby le dimanche ; assez de patauger dans le pédiluve de la vie chrétienne, et d’immerger timidement leurs orteils dans la piscine de l’Évangile. Si nos jeunes sont assoiffés, ce n’est qu’en plongeant dans l’océan d’amour jaillissant du cœur du Père éternel qu’ils pourront l’étancher. Alors, ils se jettent à l’eau. Leur vocation ? Devenir des fontaines, des canaux, des tuyaux d’arrosage de la grâce pour un monde qui en a tant besoin. Immergés dans ce flot de l’amour de Dieu, ils n’ont pas peur de nager à contre-courant…
Les promesses du baptême de la France
Pèlerins sur cette terre, ils expérimentent que si la marche chrétienne est exigeante et difficile, la béatitude éternelle vaut infiniment les quelques plumes perdues en chemin. Alors que la fille aînée de l’Église fait sa crise d’ado, et que le temps des cathédrales semble bel et bien envolé, les jeunes catholiques, dans leur pluralité, n’auront de cesse de faire tenir à la France les promesses de son baptême. La saison 2 des Actes des apôtres est en tournage dans l’Église de France, et notre génération est au cœur du casting. Alors, devant cette jeunesse assoiffée, l’eau tiède et les braises moribondes ne suffiront plus : place au torrent d’eau vive et au feu de l’Esprit !