Le nouveau film d’Éric Toledano et Olivier Nakache s’apprête à sortir sur nos écrans dans les salles de cinéma. Après les succès, entre autres, de Nos jours heureux (2006), Tellement proches (2009), Intouchables (2011), Le Sens de la fête (2017), le dernier arrivé, Une année difficile est promis à un bel avenir. Aux avant-premières, les rires fusent avant même que le titre n’ait encore défilé, même chose au générique de fin. Entre les deux ? L’abattage de Jonathan Cohen, la dense présence de Pio Marmaï, le pétillant de Noémie Merlant, sans parler de l’irremplaçable Mathieu Amalric, passant de nageur dépressif dans Le Grand Bain à joueur compulsif magnifique dans cette “année difficile” !
L’anxieuse écolo-rébellion
Le scénario nous propose d’entrer par la porte de l’humour dans l’univers du militantisme écologique, celui des associations qui à l’instar d’Extinction-Rebellion “se sont levé.es pour le vivant” (dixit le site du mouvement)… pour mieux aller s’allonger sur le périph’ ou se coucher sur les tarmacs. On rit de leurs travers, de leurs excès, et de leurs incohérences : facile de fustiger la surconsommation des classes moyennes de banlieues quand on vit dans le 200 mètres carrés parisien mais “désencombré” de papa…
L’amour de la nature ne devrait-il pas allumer des étoiles dans les yeux et non accabler d’éco-anxiété ?
En revanche, impossible de se moquer de la part d’idéalisme qui anime ces activistes pétris de convictions taillées à la serpe : bien souvent leur idéalisme est plus anxieux que joyeux, leur met le moral en berne plus qu’il ne nourrit l’appétit de vivre. Et c’est tout le paradoxe qu’il faut accepter de voir : l’amour de la nature ne devrait-il pas allumer des étoiles dans les yeux et non accabler d’éco-anxiété ? On se demande alors ce que recouvre vraiment cet amour de la nature : pas sûr que l’écolo-rebelle prompt à sortir ses banderoles à tout bout de champ, et au bord du burn-out, puisse vous indiquer où en sont ce soir les quartiers de la lune (faites le test, pour voir…).
Un peu de louange
Se révolter ne suffit pas, se rebeller ne nourrit pas. Le philosophe Jankelevitch conclut son ouvrage L’Aventure, l’Ennui, le Sérieux en évoquant l’homme capable de “trouver l’aventure dans la vie la plus quotidienne : il la trouve en ouvrant ses persiennes le matin, et il rend grâces à Dieu d’avoir permis qu’il vive jusqu’à cette nouvelle aurore”. Or cette attitude qu’il qualifie de conversion, de sens profond de l’aventure humaine, ne va pas “sans un profond sentiment de la précarité de l’existence”. Voilà qui fait réfléchir : le sentiment de précarité de la nature peut se convertir en louange joyeuse, sans pour autant exclure l’action de préservation. La louange joyeuse, voilà peut-être ce qui manque à nos anxieux… Éric Toledano ajoutait : si en plus notre film suscite des idées et des débats, alors c’est qu’on est “au bon endroit”. C’est le cas !