Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Coup de massue pour les équipes du spectacle “Bernadette de Lourdes“. Le 13 octobre, Roberto Ciurleo, co-producteur de cette comédie musicale au vif succès, s’est vu refuser l’intégration de son spectacle au “Pass Culture” au motif qu’il ne respecterait pas la charte de la laïcité. Le pass culture, fruit d’un partenariat entre les ministères de la Culture et de l’Education nationale, se décline en deux offres : l’une individuelle, destinée aux jeunes de 15 à 18 ans, l’autre collective, dédiée aux établissements scolaires qui peuvent ainsi, par l’intermédiaire de leurs professeurs, inscrire leurs élèves à des activités culturelles en groupe. Il est valable aussi bien pour les établissements publics que privés sous contrat.
C’est en l’occurrence la part collective de cette offre qui pose problème. Début avril, les équipes du spectacle Bernadette de Lourdes ont envoyé un dossier à la plateforme numérique de l’éducation nationale “ADAGE”, qui permet aux établissements scolaires d’inscrire leurs classes à des projets dits “EAC” (éducation artistique et culturelle), afin de rendre le spectacle éligible à l’offre. Deux conditions devaient être remplies : avoir une valeur éducative, et respecter la charte de la laïcité.
Mais par une décision du 13 octobre, la commission de référencement au pass culture a considéré que “la structure ne propose pas de démarche EAC en accord avec les trois piliers”, que sont l’acquisition de la connaissance, la pratique artistique et scientifique, et la rencontre avec les œuvres, les artistes et autres professionnels. Pourtant, rappelle Roberto Ciuerleo, la production met bien en place des temps de discussion (appelés “masterclass”) entre la troupe et les élèves sur les différents métiers regroupés par la comédie musicale.
La charte de la laïcité sème le trouble
La formule qui suit est lapidaire : “le respect de la chartre (sic) de la laïcité pose question par ailleurs”. Aucun motif précis ne permet de déterminer précisément en quoi la charte de la laïcité n’aurait pas été respectée. “Il est assez clair que le refus s’est fait uniquement à la lecture du titre”, estime le producteur, profondément indigné. “Le spectacle ne porte en aucun cas atteinte à la laïcité, puisqu’il s’agit avant tout d’une page de l’histoire de France que nous racontons”, martèle-t-il avant de rappeler que le script de la comédie musicale se base sur des procès verbaux d’époque. “Il s’agit des traces écrites laissées par le greffier qui assistait aux interrogatoires de Bernadette et qui se rendait à la grotte de Lourdes pour écrire ce qu’il voyait lors des apparitions, ainsi que des notes du procureur impérial. Le point de vue adopté est bien plus celui de l’État que de l’Église.” Un avis défavorable qui a d’autant plus de mal à passer que de nombreux lieux de culte, de toutes religions, sont bien inclus dans l’offre collective du pass culture. Contactée par Aleteia, la Délégation Académique à l’Education Artistique et à l’Action Culturelle de Versailles (DAAC) a refusé de s’exprimer davantage sur le sujet. Elle estime que “la commission s’est prononcée et le refus est clair, nous n’avons pas vocation à le commenter.”
Une histoire qui parle à tous
La comédie musicale comptabilise plus de 200.000 spectateurs depuis son lancement, en 2019. Alors qu’elle ne se jouait initialement à Lourdes, son succès a encouragé les producteurs a le proposer à Paris, Lille, Lyon, Strasbourg et de nombreuses grandes villes de France où elle fait toujours salle comble. Un triomphe porté par la figure de Bernadette Soubirous, petite sainte “qui parle beaucoup aux jeunes de notre temps”, estime Roberto Ciurleo. “Elle a subi les moqueries, le harcèlement, la diffamation, elle a été mise au ban de la société. Ce sont des choses auxquelles les jeunes sont sensibles aujourd’hui, même lorsqu’ils ne sont pas croyants. Des gens de tous horizons viennent voir Bernadette de Lourdes parce qu’elle est, précisément, universelle.” Reste à savoir si cet argument convaincra la commission ADAGE. La production du spectacle a déjà formulé un recours.