Un portrait avec une histoire originale. Des Français se sont rendus récemment à Londres dans une galerie d’art pour y faire quelques acquisitions. Ils avaient auparavant repéré sur Internet la photo d’un tableau représentant Marie-Madeleine qui les a immédiatement séduit. Une fois sur place, ils déboursent la somme de 35.000 euros pour cette œuvre. “Quand elle est arrivée, c’était encore plus touchant, même si elle était vraiment sale”, se remémore l’un des collectionneurs, auprès de nos confrères de l’AFP.
Le plus fascinant dans cette histoire, c’est que personne ne connaissait l’origine du tableau. L’œuvre “appartenait à une collection privée du nord de l’Angleterre et s’est retrouvé dans une petite vente aux enchères, où la galerie londonienne l’a acquis, pensant qu’il s’agissait d’un tableau de l’école de Léonard de Vinci”, indique Nathalie Popis, spécialiste des mathématiques appliquées dans l’art de la Renaissance. Par conséquent, les Français ont décidé de faire appel à plusieurs experts français et italiens pour authentifier l’œuvre.
L’influence de De Vinci
Grâce aux moyens techniques modernes, notamment la lumière infrarouge qui a permis la visualisation des couches de carbone cachées par les pigments de peinture, les scientifiques ont réussi à déterminer l’auteur de ce tableau. Ces analyses, “basées sur les dernières avancées de la science, ont notamment mis en évidence les repentirs, c’est-à-dire les réajustements formels exécutés par le peintre jusqu’à la version finale de l’œuvre et sa technique du Spolvero, le transfert d’un dessin d’un premier support sur son support final”, explique Annalisa Di Maria, membre du groupement d’experts de l’Unesco à Florence (Italie). Il ne fait désormais aucun doute, cette œuvre a été réalisée par Raffaello Sanzio (1483-1520) plus connu sous son nom francisé Raphaël.
Selon les spécialistes, ce portrait de Marie-Madeleine a été peint vers 1505 à l’occasion d’une rencontre avec Léonard de Vinci, un autre grand artiste de la Renaissance. Ce dernier aura une grande influence sur Raphaël avec sa technique du “Sfumato”, consistant en la superposition de couches très fines de glacis monochromes translucides.
Pécheresse, repentie, apôtre…
Première témoin de la Résurrection du Christ, Marie-Madeleine, fêtée le 22 juillet, n’a cessé de fasciner en raison de son caractère énigmatique. Considérée à la fois comme pécheresse, repentie, apôtre… sa figure n’a cessé d’inspirer les artistes qui ont vu en elle la diversité de l’humanité. “Marie-Madeleine est un exemple d’évangélisatrice vraie et authentique, c’est-à-dire une évangéliste qui annonce le joyeux message central de Pâques“, soulignait en 2026 Mgr Arthur Roche, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements
Une question concernant le chef d’œuvre de Raphaël reste encore en suspens : quelle peut bien être la valeur d’un tel portrait ? À ce jour, aucun expert ne s’est risqué à faire une évaluation. Peut-être que Marie Madeleine est inestimable ?