Célébrée par François, la messe a eu lieu à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre, dans une certaine intimité, avec les cardinaux et évêques présents à Rome et quelques centaines de personnes. « Père providentiel, qui choisis avec amour des pasteurs pour ton troupeau, donne le repos éternel à ton serviteur, le pape Benoît XVI, qui durant sa longue vie t’a servi avec sagesse et amour ». Ces mots résonnent dans la basilique Saint-Pierre, pendant la prière universelle, au lendemain du Jour des défunts. Comme chaque année, le pape François y célèbre une messe de suffrage à l’intention de tous les cardinaux et évêques morts dans le courant de l’année. Mais cette fois-ci, dix mois après le décès de son prédécesseur le 31 décembre 2022, la célébration prend une tonalité particulière.
Dans son homélie sous les ors de la Gloire du Bernin, le pontife argentin cite à plusieurs reprises le pape émérite qui s’est éteint à 95 ans, dans le monastère Mater Ecclesiae du Vatican, au terme de dix années de retrait dans la plus grande discrétion. « J’aime rappeler ces premiers mots du Pape Benoît : humble ouvrier dans la vigne du Seigneur », confie son successeur. Et de vanter devant la petite assemblée les vertus de l’humilité, surtout pour les responsables de l’Église : « Oui, le chrétien, en particulier le Pape, les Cardinaux et les Évêques, sont appelés à être d’humbles ouvriers : à servir et non à être servis ; à penser, avant leurs propres fruits, à ceux de la vigne du Seigneur ».
La foi, une Personne à rencontrer
Le 266e pape cite également Benoît XVI, enterré plus bas dans les grottes vaticanes, pour rappeler « que la foi n’est pas avant tout une idée à comprendre ou une morale à assumer, mais une Personne à rencontrer, Jésus-Christ ». « Son cœur bat fort pour nous, son regard s’apitoie sur notre souffrance », ajoute François qui prêche pour le style de Dieu, fait de « proximité », de « compassion », de « tendresse » et de… « peu de mots ».
« Dieu tout-puissant et miséricordieux, nous te supplions pour tes serviteurs, le pape Benoît, les cardinaux et les évêques, que tu as constitués comme ambassadeurs du Christ parmi les hommes »… À Saint-Pierre, la célébration se poursuit, sobre, laissant entendre à plusieurs reprises le nom du pontife allemand, dans les diverses prières de collecte, et après la communion.
Deux jours plus tôt, dans un entretien diffusé le 1er novembre à la télévision publique italienne, François avait rendu hommage au « courage » de Benoît, mentionnant notamment la lutte qu’il avait initiée contre les abus au sein de l’Église. Le pape François a célébré les funérailles du pape allemand le 5 janvier dernier. Une image est restée de cette cérémonie hivernale, dans un froid glacial et sous un ciel gris : l’Argentin, recueilli, la main posée sur le cercueil de Joseph Ratzinger, moment historique d’un pontife disant adieu à son prédécesseur.
