2023. A en croire les médias, le monde va mal, très mal. Il suffit d’allumer la radio, la télévision, ou de passer devant un kiosque à journaux pour le constater. « Pas plus tard qu’hier, soupire Armand Auclair, les six infos mises en avant par mon téléphone étaient affreuses : une guerre, un bombardement, le covid qui revient, et partout des morts et des maladies ». Pourtant, nulle amertume dans la voix du pianiste du groupe de pop louange Hopen. Le regard pétillant et l’accent chantant, il poursuit : “Nous, chrétiens, avons un véritable défaut. On entend trop dire que le monde est mauvais. Dans nos églises, nos prédications, nos homélies et même lors de nos repas en famille, c’est toujours le même refrain. Il ne faut pas se faire d’illusion : à l’époque des romains, c’était chaud aussi. Le monde dans lequel le fils de Dieu prend chair est rongé par la guerre, la trahison, la violence, les famines et les épidémies”.
Comment, alors, continuer à chanter la merveille de la Création alors même que la Création elle-même semble ensevelie dans le mal ? “Notre combat de chrétiens aujourd’hui, poursuit Armand Auclair, c’est d’essayer de fixer notre regard sur ce qui est beau. Il faut absolument convertir son regard pour se détourner des mauvaises choses et le poser sur ce qui nous fait grandir et nous élève, pour, au-delà de ça, apprendre à le fixer sur Dieu. Il ne s’agit pas de se mettre des œillères pour prétendre que tout va bien : la jeunesse d’aujourd’hui doit se saisir des préoccupations de notre époque, mais elle ne doit pas se laisser submerger par la négativité. Quand saint Jean écrit dans son évangile que “Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique”, il nous dit aussi que dans ce monde dans lequel nous vivons, il y a des choses que Dieu aime, il n’y pas que du mauvais, que de l’horrible, il n’y a pas que du terrorisme. Saint Jean ne nous dit pas “à l’époque, Dieu aimait le monde et il l’aime moins aujourd’hui”. Mais dans ce monde que Dieu aime, il y a des belles choses, et ces belles choses, il faut apprendre à les aimer. C’est une sorte de conversion à vivre”.
La louange, fondement de la vie chrétienne
Cette conversion, il faut la vivre dans la louange. Le musicien distingue à ce propos la musique, celle qu’il joue avec ses frères, de la véritable louange, “un mode de vie”. “La louange est un fondement de la vie chrétienne, en ce qu’elle est positionnement au sein de la Création : c’est une posture d’action de grâces. Ce n’est pas les petits sons électro qui font danser les jeunes pour leur montrer que l’Eglise, c’est sympa. C’est une forme de prière, celle qui reconnaît que Dieu est Dieu et qui décentre l’homme de lui-même pour le recentrer sur Lui. Ainsi, on ne tourne plus autour de ses problèmes ou de ses angoisses, mais on se met à graviter autour du Seigneur qui nous attire à Lui. La louange, c’est-à-dire l’action de grâces, est d’autant plus essentielle dans un monde qui semble aller si mal”.
“Il y a toujours quelque part une lumière allumée ou un acte de bravoure.”
Concrètement, Armand Auclair nous livre quatre conseils pour entrer dans la joie : “Déjà, se déconnecter un peu et arrêter de suivre frénétiquement l’actualité pour se rappeler que le bien ne fait pas de bruit. Ensuite, se reconnecter à l’autre, parce que nous avons besoin de ce lien humain. Troisièmement, il faut se plonger dans la Parole de Dieu ; elle est ressourçante et on ne peut plus actuelle. Enfin, essayer de faire le bien. Je dis essayer, parce que c’est si dur de faire le bien… Mais si le désir est bon, l’acte portera du fruit. Dieu n’est pas responsable du mal qui sévit dans le monde. La joie des enfants de Dieu, c’est celle qui dit ‘‘peu importe ce qu’il peut advenir, à la fin, tout ira bien’’, car au début, comme à la fin, il y a Dieu”. Comme sainte Thérèse d’Avila, confiante, chantant “que rien ne te trouble“, le pianiste poursuit : “Il faut apprendre à remercier le Seigneur pour ce qui va bien. Malgré toutes les mauvaises nouvelles, il y a toujours quelque part une lumière allumée, un acte de bravoure, de paix, une guérison, quelqu’un qui change de camp et qui finit par tendre sa main”.
Pratique :