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Thérèse Rondeau, première apôtre de la Miséricorde divine

Thérèse Rondeau

© Diocèse de Laval

Portrait de mère Thérèse Rondeau, fondatrice de la congrégation des Soeurs de Notre-Dame de la Miséricorde.

Anne Bernet - publié le 07/11/23

C’est à une humble repasseuse lavalloise qui consacra toute sa vie à secourir femmes en détresse et prostituées, que l’on doit l’éveil de la vocation de sainte Faustine, apôtre de la Miséricorde divine. Anne Bernet, qui vient de publier une biographie de Thérèse Rondeau aux éditions Artège, nous en raconte la vie.

Depuis la mort de son père, en 1812, Thérèse Rondeau, repasseuse lavalloise de 19 ans, doit gagner sa vie, subvenir aux besoins de sa mère et de son petit frère. Fille de devoir qui s’est toujours oubliée pour les autres, elle a mis en veilleuse, tant que les siens auront besoin d’elle, son intime espoir : entrer au couvent. Pourtant, en cet été 1817, tout semble s’éclaircir. Thérèse a trouvé un arrangement financier qui permettra à sa famille de vivre et les Dames du Sacré Cœur, congrégation éducative fondée par Madeleine-Sophie Barat, acceptent de la recevoir comme converse à Paris. Puisque tout est au mieux, pourquoi Thérèse éprouve-t-elle le sentiment que son choix n’est pas le bon ? 

L’heure de Dieu

Prise de doute, elle s’en ouvre au père Chapelle, l’un des jésuites qui, depuis leur installation à Laval en 1816, l’ont chargée d’une mission ingrate : aider à la réinsertion de prostituées repenties, tâche qui répugne à Thérèse car elle hait les péchés de la chair. Abandonner cette œuvre est d’ailleurs l’une des raisons qui la poussent à partir. Mais, lorsqu’elle fait part de sa décision au père Chapelle, qui n’est pas son confesseur habituel, celui-ci la presse d’attendre, le temps qu’il prenne conseil d’En-Haut. Thérèse sait, comme tout le monde en ville, que le prêtre, tenu pour un saint, est réputé posséder un charisme de prophétie rarement pris en défaut. Le délai écoulé, il lui assène cette annonce déconcertante : 

Ce n’est pas dans l’ordre du Sacré Cœur que le Bon Dieu vous veut. Il veut que vous restiez à Laval. Vous êtes destinée à vous consacrer à son service dans une maison non cloîtrée qui n’est pas encore instituée et dont j’ignore le but. Toute autre démarche serait contraire à ce que Dieu demande de vous. Cette maison éprouvera de grandes difficultés et des grandes contradictions. Tout le monde sera contre vous, jusqu’à de bons ecclésiastiques. Vous serez quelquefois sans pain et même, vous serez battue. Restez tranquille. Dieu vous appellera quand son heure sera venue. 

Prédiction peu réconfortante mais Thérèse, obéissante, renonce à ses projets pour attendre l’heure de Dieu. Elle viendra en février 1818 lorsque les jésuites, fidèles à un charisme datant d’Ignace de Loyola et François Régis, lui annoncent leur intention de fonder un refuge destiné aux “filles perdues” où ces malheureuses seront hébergées, catéchisées, munies d’un métier pour gagner honnêtement leur vie, et lui demandent d’en prendre la direction.

Un modèle d’action caritative

Thérèse ne le sait pas mais elle se dévouera à cette mission qui, à l’origine, lui répugnait, jusqu’à sa mort, le 16 juillet 1866. Les annonces du père Chapelle se réaliseront toutes. Des années durant, l’on crèvera de faim, de froid, de privations à Notre-Dame de la Miséricorde, Thérèse sera insultée, calomniée horriblement et l’on exercera même contre elle des violences physiques dont elle se moquera, disant y voir la preuve de la colère de “Grateau” comme elle appelle le diable, furieux du bien qui s’opère chez elle et des âmes qu’elle lui arrache. Elles seront des centaines à trouver rue de Paradis, affection, respect, réhabilitation sociale. Aux prostituées s’ajouteront adolescentes en péril moral ou dont les familles souhaitent se débarrasser, orphelines à la rue qu’il faut mettre à l’abri, ivrognesses et mille autres misères sociales et psychologiques que Thérèse secourt, ne refusant son aide à personne.

Elles seront des centaines à trouver rue de Paradis, affection, respect, réhabilitation sociale.

Elle est cousue de dettes mais, toujours, au dernier instant, quand la situation financière semble désespérée, des secours miraculeux arrivent, permettant  à l’œuvre de se poursuivre et croître et à la supérieure de bâtir des chapelles, fondant ainsi près de Laval le pèlerinage de Saint-Joseph-des-Champs. La réputation de l’œuvre et de sa fondatrice, thaumaturge à ses heures, éprouvée par une grave maladie qui manquera l’emporter et dont elle ne se remettra jamais, même si elle cachera jusqu’à la fin ses souffrances et son épuisement, se répand à travers la France et l’Europe, faisant de Thérèse une figure de référence de l’action caritative dans un domaine qui attire peu de sympathies.

L’appel de la Miséricorde divine

Faute de vocations suffisantes, Mère Rondeau renoncera aux fondations, ne créant de son vivant qu’une autre “Miséricorde”, à Quimper. Néanmoins, parce que les futures religieuses et les fonds lui viendront d’une manière providentielle, elle acceptera de parrainer la fondation d’une maison en Pologne en 1862. C’est dans ce couvent de Cracovie qu’entrera un jour celle qui deviendra sainte Faustine, apôtre de la miséricorde divine et fille spirituelle d’une repasseuse lavalloise qui disait : 

J’adore tous les attributs de Dieu ; je m’anéantis en présence de Sa grandeur, Sa puissance, Sa justice, mais, en adorant cette divine justice, je Lui dis : gardez-la pour Vous, ô mon Dieu ! Ne l’exercez ni envers mes enfants ni envers moi ! Tandis que Sa miséricorde me ravit par-dessus tout autre : je la bénis, je l’exalte de toutes les puissances de mon âme et je l’appelle sans cesse sur mes filles et sur moi. 

Pratique :

Tags:
CharitéMiséricordeSainte Faustinesainteté
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