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Trois ans après le coup d’État militaire qui a mené la junte au pouvoir en Birmanie, en février 2021, le conflit semble avoir atteint un point de non-retour. Le 27 novembre, dans le diocèse de Loikaw (État de Kayah, nord de la Birmanie), Mgr Celso Ba Shwe ainsi que des prêtres, religieuses et paroissiens, ont été contraints de fuir la cathédrale du Christ-Roi après un raid mené par l’armée qui l’occupe depuis, rapporte UCA News. “Je me sens brisée car notre lieu saint va être profané”, a ainsi regretté Katherine Mu, habitante du diocèse de Loikaw, auprès du média.
L’occupation de la cathédrale intervient dans un contexte d’intensification des combats entre la junte et les Forces de Défense du Peuple (auxquelles appartiennent les chrétiens, ndlr), qui cherchent respectivement à prendre le contrôle de la ville de Loikaw. Fin octobre 2023, plusieurs factions armées de rebelles se sont réunies afin de mener une vaste offensive contre l’armée régulière. “La situation est désastreuse et nous demandons humblement à tout le monde de prier pour nous en ces temps difficiles”, réclament ainsi les partenaires birmans de l’Aide à l’Église en détresse. De nombreux lieux de culte ont été détruits ou profanés. Dans le diocèse de Loikaw, plus de la moitié des 41 paroisses ont été touchées, affirme ainsi Vatican News. L’État de Kayah, au cœur des affrontements, comporte une forte présence chrétienne, tout comme l’État Chin. Sur ses 350.000 habitants, 90.000 sont catholiques. Dans la ville de Hsenwi (État Shan), l’église catholique et le couvent ont été endommagés par des tirs d’artillerie et un bombardement.
Les minorités chrétiennes ciblées
Les prêtres, religieux et religieuses fuient les combats et les frappes aériennes de l’armée birmane, et tâchent de fournir à la population un soutien spirituel, ainsi que de subvenir aux besoins essentiels des déplacés : abris, produits alimentaires, vêtements, médicaments… Des chapelles et salles de classe de fortune sont construites afin d’y célébrer les messes et assurer le suivi scolaire des enfants. Dans l’État Shan, au moins 600 personnes, majoritairement catholiques, ont trouvé refuge dans une cathédrale et un centre de catéchèse à Lashio.
Fin octobre 2023, plusieurs factions armées de rebelles en lutte contre l’armée se sont réunies afin de mener une offensive appelée “Opération 1027”. Attaquant plusieurs positions de l’armée au nord et à l’est de la Birmanie, ces groupes ont réussi à prendre le contrôle de plusieurs points militaires et commerciaux stratégiques, touchant également les centres urbains densément peuplés. Une intensification des combats qui a conduit au déplacement de quelque 286.000 personnes depuis le 26 octobre, selon le dernier bilan établi par les Nations Unies. La communauté catholique birmane subit donc de plein fouet les conséquences d’un tel conflit.
3% de catholiques
En Birmanie, pays majoritairement bouddhiste, les chrétiens ne représentent que 6% de la population, dont 3% sont catholiques. Localisés principalement au nord du pays, ces derniers – discriminés avant même le coup d’État -, sont la cible régulière de la junte birmane qui attaque fréquemment villages et églises afin d’éradiquer toute présence de rebelles. Plus que jamais, la Birmanie semble au tournant de son histoire et au bord de l’effondrement. Le 19 novembre, le pape François a de nouveau exprimé son inquiétude quant à l’avenir de ce pays, qui “continue malheureusement à souffrir de la violence et des abus”, l’enjoignant à ne pas désespérer et à garder sa confiance en Dieu.