L’agence Fides vient de publier son rapport annuel sur le nombre de missionnaires et agents pastoraux tués dans le monde ces douze derniers mois. En 2023, elle a recensé 20 hommes et femmes morts pour leur foi, dont un évêque, huit prêtres, deux religieux, un séminariste, un novice et sept laïcs. Ils sont deux de plus qu’en 2022.
Entendant le terme missionnaire au sens large, l’agence “prend en compte tous les baptisés impliqués dans la vie de l’Église qui sont morts de manière violente, même lorsque cela ne se produit pas expressément “en haine de la foi””. Cette année, c’est en Afrique qu’ils sont les plus nombreux à avoir trouvé la mort, avec neuf missionnaires tués. Quatre de ces décès se sont produits au Nigeria, où la population chrétienne paie un lourd tribut face au terrorisme et au grand banditisme. Il y a encore quelques jours, lors de la messe de Noël, 160 fidèles ont été massacrés par des bandes terroristes à travers le pays. Par ailleurs, six missionnaires ont été assassinés en Amérique, quatre en Asie, et un en Europe.
Des vies simples
Dans son rapport, l’agence Fides dresse une fiche biographique de chaque missionnaire et les circonstances de leur mort. Entre autres, elle relève que la caractéristique commune de ces 20 témoins est la simplicité de leur vie vécue, c’est-à-dire “qu’ils n’ont pas réalisé d’actions sensationnelles ou d’actes hors du commun qui auraient pu attirer l’attention”. Ils témoignaient simplement, par leur engagement pastoral et leurs activités quotidiennes, du message du Christ. “Ils se sont retrouvés, sans en être responsables, victimes d’enlèvements, d’actes de terrorisme, impliqués dans des fusillades ou des violences de toutes sortes”, relève le rapport. En Afrique, ce sont des prêtres enlevés et assassinés sur la route alors qu’ils se rendaient sur les lieux de leurs activités ou encore des presbytères et des couvents attaqués et brûlés.
Chacun de ces 20 témoins, “pasteurs, catéchistes, travailleurs de la santé, animateurs de la liturgie, de la charité”, vivait une vie normale, souvent “dans des contextes de pauvreté économique et culturelle, de dégradation morale et environnementale, où il n’y a pas de respect pour la vie et les droits de l’homme.”
Aucun d’eux n’a cherché à mourir en martyr. Mais tous ont décidé de vivre, avec tous les risques que cela implique dans certains pays, en disciples du Christ. Insistant sur la fécondité de leurs témoignages et du don de leur vie, le rapport termine en reprenant les mots du Pape, lors de l’Angélus du 26 décembre 2023, fête de saint Etienne, premier martyr chrétien.
“Il y a encore – et ils sont nombreux – ceux qui souffrent et meurent pour témoigner de Jésus, comme il y a ceux qui sont sanctionnés à différents niveaux pour avoir eu un comportement conforme à l’Évangile, et ceux qui luttent chaque jour pour rester fidèles, sans faire d’histoires, à leurs bons devoirs, alors que le monde se moque d’eux et prêche quelque chose d’autre. Ces frères et sœurs peuvent aussi apparaître comme des ratés, mais nous voyons aujourd’hui qu’il n’en est rien. Aujourd’hui comme hier, en effet, la semence de leurs sacrifices, qui semblait mourir, germe, porte du fruit, parce que Dieu, à travers eux, continue à faire des merveilles, à changer les cœurs et à sauver les hommes.”