Alors que le carême a débuté mercredi 14 février, les catholiques de Gaza sont eux aussi entrés dans ce temps liturgique fort, cheminant vers Pâques malgré le chaos engendré par la guerre. Dans la paroisse de la Sainte-Famille, les fidèles ont célébré la messe des cendres. Le père Joseph Asad a apposé les cendres sur le front de ses paroissiens, rappelant que le carême est un temps de conversion et de combat spirituel pour atteindre, à l’image des Hébreux dans le désert, la Terre promise. Une symbolique d’autant plus forte pour les catholiques que tous les chrétiens de Gaza luttent pour leur survie dans cette enclave palestinienne sous le feu des bombardements.
Malgré les combats et les bombardements israéliens, la communauté chrétienne gazaouie fait son possible pour maintenir sa présence et poursuivre une vie de prière, comme un phare d’espérance dans la tempête. Mais les conditions humanitaires se sont brutalement dégradées. Le nord de Gaza subit de graves problèmes d’approvisionnement en nourriture et en carburant, alors que les prix, en constante augmentation, rendent le quotidien toujours plus compliqué. Ainsi, 20 litres de diesel coûtent désormais 200 euros, rapporte George Akroush, directeur du Bureau de développement des projets du Patriarcat latin de Jérusalem, à la fondation Aide à l’Église en détresse. Sur place, la communauté catholique est soutenue par le père Joseph et plusieurs religieuses, notamment des congrégations de la Charité ou du Saint Rosaire. Chapelet, adoration eucharistique, messe, sacrements… Les fidèles se réunissent quotidiennement dans leur église afin d’y prier ensemble.
30 chrétiens tués depuis le début du conflit
On dénombrait au début de la guerre 1.017 chrétiens à Gaza. Aujourd’hui plus que jamais, leur avenir s’écrit en pointillés, menacé par les violents affrontements qui opposent le Hamas et Israël depuis les massacres du 7 octobre 2023. Deux paroissiennes catholiques ont été tuées, et une vingtaine de chrétiens orthodoxes de la paroisse Saint-Porphyre ont perdu la vie lors des bombardements israéliens à proximité de leur église.
Les conditions de vie et le manque de soins ont également entraîné la mort de onze chrétiens, atteints de maladies chroniques, à l’image du cas déchirant de Hani Abu Daud. Ce chrétien âgé de 48 ans est mort après avoir été transféré dans le sud en raison du non-fonctionnement des hôpitaux du nord, rapporte l’Aide à l’Église en détresse. Mais là aussi, les attaques ont augmenté, et Hani n’a pu bénéficier des soins nécessaires à sa survie. Il est mort seul, loin de sa femme et de ses enfants, et a été enterré dans le sud, où il n’y a pas de clergé ni de cimetières chrétiens. Autre point majeur d’inquiétude : celui de la destruction immobilière. 62% des habitations du nord de Gaza auraient été détruites. En attendant la reconstruction de ces milliers de logements, qu’adviendra-t-il des chrétiens de Gaza, déjà si peu nombreux et dont la présence est désormais mise à l’épreuve du feu ?