La messe est au cœur de la vie du chrétien, mais qui n’a pas éprouvé lors de l’assemblée dominicale lassitude et ennui, ou parfois de l’agacement devant une liturgie qui paraît décalée ? Comprendre ce qui se joue à chaque messe fait grandir en nos âmes le désir de Dieu et la faim de l’Eucharistie, explique le père Joël Guibert. En apparaissant pour ce qu’elle est réellement, le sacrifice de la croix rendu présent sur l’autel, notre participation intérieure à la messe ne peut que changer, et changer notre vie.
Aleteia : Avez-vous le sentiment qu’aujourd’hui la messe est au cœur de la vie de chaque chrétien ? Cela peut-il être un élément facultatif ?
Père Joël Guibert : Si on laisse les fidèles s’exprimer, la messe est importante pour eux. Le contraire serait pour le moins étonnant, puisque la messe c’est Dieu : l’objet même de notre foi et de notre amour rendu présent sur l’autel et qui veut s’unir à nous par la communion. Dans l’Eucharistie, le premier à avoir faim, c’est Dieu : Dieu a plus faim de moi que moi de Lui. Comment pourrais-je négliger les avances d’amour de Celui que je prétends aimer ? N’oublions pas par ailleurs la parole incise de Jésus : “Si vous ne mangez pas ma chair, vous n’aurez pas ma vie en vous” (Cf. Jn 6, 53).
Beaucoup de chrétiens se considèrent croyants non-pratiquants… est-ce une contradiction ?
Par les temps qui courent, “être croyant”, c’est déjà pas mal… et Dieu est content ! Cela dit, quelle logique y aurait-il à dire d’un côté : “Je crois en Toi Jésus, je t’aime” et d’un autre : “Je néglige ton Eucharistie là où précisément tu te donnes à moi“. À chaque messe, ce n’est pas d’abord moi qui pratique la messe, c’est d’abord Dieu qui me pratique en me transfusant sa propre vie de ressuscité. La “réceptivité” est et sera donc toujours l’attitude première et fondamentale du croyant. S’il en est ainsi, la pratique de la messe ne peut jamais être une option facultative dans la vie du chrétien, elle se trouve à la racine même de sa vie spirituelle. Pratiquer c’est “vital” !
Qu’est-ce qui manque aux assemblées ? Les communautés chrétiennes sont-elles suffisamment accueillantes ? La forme des célébrations convient-elle ?
On entend trop souvent dire que ce qui manque à nos assemblées c’est une animation liturgique plus vivante, plus de fraternité, que le maximum de personnes fassent quelque chose au cours de la messe… Pourquoi pas, mais je crois que ce qui manque surtout, c’est la foi, la vie intérieure, l’adoration, la relation intime de chacun avec son Seigneur. Paul VI disait “qu’une messe du padre Pio faisait plus de bien qu’une mission d’évangélisation”. Cette parole du pape s’applique bien évidemment au prêtre qui préside la messe mais aussi à tous les participants : comme nous ne sommes pas des îles mais des presqu’îles reliées mystérieusement les uns aux autres, un vrai priant à la messe ne peut que “contaminer”— presque malgré lui — ceux et celles qui l’entourent et les entraîner dans le Mystère sans rien dire.
Quelles pistes simples peut-on suivre pour retrouver le désir de l’Eucharistie ?Le désir jaillit toujours de l’intérieur : pour le faire grandir, on cultivera une plus grande vie intérieure, une intimité toujours plus profonde avec notre Bien-Aimé Jésus. Marthe Robin disait que la messe qui n’est pas préparée en amont par la prière personnelle, pourra difficilement porter du fruit. La prière — sans oublier les autres moyens surnaturels — est le lieu pour faire grandir notre désir, notre faim de l’Eucharistie. On gagnera aussi à arriver avant l’heure de la messe, afin d’éviter la précipitation et mieux se disposer à la divine Rencontre. Permettez-moi de vous confier bien simplement que depuis plusieurs années, j’essaie de répondre à un appel de Jésus à venir l’adorer une heure chaque nuit : je ne sais pas si cela me rend plus vertueux… mais je constate que cela me rend de plus en plus amoureux de Jésus-Eucharistie, avec plus joie et de sérénité.
Pratique