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Qu’est-ce que la fidélité ? Dérivé du latin fidelis, issu de fides, c’est-à-dire “foi”, la fidélité, nous dit le Littré, est la “qualité de celui qui est […] attaché à ses devoirs, à ses engagements”. Comme Marie à Béthanie, ne doit-on pas garder “la meilleure part” à ceux vers qui nous sommes engagés ? “Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée” (Lc 10, 41-42). Jésus, ici, ne dit pas à Marthe de ne pas se soucier des choses pratiques de ce monde. Sainte Thérèse d’Avila, grande mystique, savait bien garder les pieds sur terre entre deux extases pour mener d’une main ferme sa grande réforme du Carmel. C’est là tout le sens de cette sentence Bernanos fait prononcer Mme de Croissy, la première prieure du Carmel, face à Blanche de La Force dans Dialogues des Carmélites : “Notre Règle n’est pas un refuge. Ce n’est pas la Règle qui nous garde, ma fille, c’est nous qui gardons la Règle”. Cette règle est aussi la règle d’une vie chrétienne qui, ordonnée à l’amour de Dieu, commande de vivre en accord avec l’Évangile.
Cesser de passer ses nerfs sur ses proches, c’est être fidèle à son état de vie, pour, comme Marie de Béthanie, leur garder “la meilleure part” ; c’est garder pour ceux que l’on aime le trésor immense des merveilles que le bon Dieu a déposées dans nos âmes, pour faire rayonner l’amour auprès de ceux qui nous ont été confiés. Cesser de passer ses nerfs sur ses proches, c’est manifester concrètement un amour incarné et le faire grandir pour chérir son époux, son épouse, ses enfants, ses parents ou ses frères et sœurs de communauté. Cesser de passer ses nerfs sur ses proches, c’est obéir à ce commandement nouveau que le Christ a laissé à son peuple : “Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres” (Jn 13, 34).