La Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril a dévoilé le 20 mars les 18 sites emblématiques 2024 des régions de métropole et d’Outre-mer. Ceux-ci bénéficieront donc d’un soutien financier grâce à la septième édition du Loto du patrimoine en septembre prochain. Parmi les 18 sites sélectionnés pour cette nouvelle édition, deux églises : l’église Saint-Augustin de Montemaggiore, à Montegresso, joyau abandonné juché au milieu des montagnes de la Corse du Sud; et l’église Notre-Dame de l’Assomption à Trois-Rivières, sur la belle île Papillon. Mais aussi un somptueux jubé appartenant à la cathédrale de Noyon, dans les Hauts-de-France.
Située à 30 kilomètres de Compiègne, la cathédrale de Noyon est classée “Monuments historiques”, et pour cause : ses premières pierres ont été posées au VIe siècle, date à laquelle saint Médard, figure de sainteté majeure de l’Oise, désigna Noyon comme siège de son nouvel évêché. En son sein ont défilé les grandes figures de l’histoire de France, de saint Éloi à Dagobert, en passant par Charlemagne et peut-être même Hugues Capet, dont le couronnement pourrait avoir eu lieu à Noyon plutôt qu’à Reims.
Des travaux urgents
C’est au milieu du XIIe siècle que débute la construction de la cathédrale que l’on connaît aujourd’hui, siècle de naissance de l’art gothique en Europe. Elle s’achève au milieu du XIIIe siècle, pour laisser place à celle du cloître. Le jubé, qui séparait le chœur de la nef, est construit à la même période, mais sera détruit au XVIIIe siècle. La cathédrale n’échappe pas, au fil des siècles, aux destructions, éprouvée par les guerres et les invasions. C’est lors de fouilles menées après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle la cathédrale fut soumise aux bombardements, que l’on retrouve les fragments du somptueux jubé. Il est remonté dans le bâtiment est du cloître, baptisé dès lors “bâtiment du jubé”.
La charpente en bois est alors renforcée par des poutres en béton, augmentant la masse pesant sur les murs. Depuis, “ceux-ci s’écartent dangereusement”, alerte la Fondation du Patrimoine. La charpente “se désolidarise des murs, fragilise la toiture et entraîne des infiltrations d’eau dans les maçonneries.” Afin d’éviter l’effondrement, la charpente toute entière doit être remise à neuf, ainsi que sa couverture et ses maçonneries : des travaux urgents qui devraient démarrer d’ici la fin de l’année 2024 et durer jusqu’en 2027. Ils s’inscrivent dans le projet de restauration de l’ensemble du cloître, estimé à plus de 5 millions d’euros.
Depuis 2018, la Mission patrimoine lancée par Stéphane Bern a aidé plus de 860 sites dans leurs travaux de restauration, dont plus de 125 au niveau régional et plus de 735 au niveau départemental. 65% d’entre eux sont désormais totalement sauvés du délabrement.