Le 24 mars 1944, peu avant l’aube, la famille Ulma, ainsi que les huit hôtes qu’elle hébergeait depuis un an et demi, a été massacrée par les nazis. Les membres de la famille Ulma ont été béatifiés le 10 septembre 2023 à Markowa, en Pologne : Jozef et Wiktoria, ainsi que leurs enfants Stanislawa (7 ans), Barbara (6 ans), Wladyslaw (5 ans), Franciszek (3 ans), Antoni (2 ans), Maria (un an et demi), et un septième enfant dont Wiktoria accoucha lors de sa mort, et dont ni le nom ni le sexe ne sont connus. Ce cas très spécifique a donné lieu à différentes interrogations, certains médias évoquant la béatification d’un enfant in utero ou non-né. En réalité, l’exhumation du corps de Wiktoria a permis d’identifier la tête de cet enfant, sorti du ventre de sa mère : il est donc considéré comme né, comme ayant vu le jour et vécu, même pour une très courte vie et pour un instant tragique. Le 5 septembre 2023, le dicastère pour les Causes des saints a réagi en diffusant une note précisant que Wiktoria avait bien accouché de cet enfant, qui avait “reçu le baptême du sang”.
Une petite vie anéantie à la veille de la fête de l’Annonciation, ce jour où le Fils de Dieu a pris chair de la Vierge Marie, petit enfant à naître également. Un parallèle qu’avait fait Jean Paul II en instituant le 25 mars la Journée Européenne de l’Enfant à Naître. “Nous pensons qu’il conviendrait d’unir cette journée à la célébration, par l’Église catholique, de la solennité de l’Incarnation du Seigneur, le 25 mars, jour où le Fils de Dieu s’est fait homme au sein de la Vierge”, avait déclaré le Conseil Pontifical pour la Famille lors du Congrès Européen des Mouvements au service de la Vie et de la Famille en 2000.
“Puisse l’humanité connaître un nouveau printemps de la vie, dans le respect et l’accueil de chaque être humain.”
Lors de la première édition de cette journée, le 25 mars 2001, le pape Jean Paul II avait déclaré lors de l’Angélus : “Que, face à la culture de la mort et aux atteintes qui, malheureusement, se multiplient contre la vie de l’homme, l’engagement à la défendre au cours de toutes ses étapes, du premier instant de sa conception jusqu’à la mort, ne fasse jamais défaut. Puisse l’humanité connaître un nouveau printemps de la vie, dans le respect et l’accueil de chaque être humain, dans lequel resplendit le visage du Christ !” Quatre ans après, dans ce même élan de défense et de protection de toute vie humaine, la Pologne instituait le 24 mars la journée nationale de la vie (Narodowy Dzień Życia), en raison de la proximité avec l’Annonciation.
Selon Manuela Tulli, journaliste vaticaniste co-auteur d’un livre sur la famille Ulma, la date du massacre n’est pas passée inaperçue auprès du dicastère pour les Causes des saints à la lecture du rapport rédigé en vue d’établir leur martyre. “Le fait que ce massacre ait eu lieu le 24 mars, à la veille de la Fête de l’Annonciation, est également un signe retenu par la Positio“, a-t-elle affirmé auprès d’IMedia à l’occasion de leur béatification.