S’il n’y pas d’opposition entre l’oraison et l’adoration et que l’une n’est pas mieux que l’autre, il arrive parfois de les confondre. La différence entre ces deux prières silencieuses se trouve dans la présence même de Dieu : dans l’oraison, on recherche la présence intérieure de Dieu, au cœur de notre être. L’adoration se passe devant Dieu, en sa présence réelle et objective.
L’oraison, le cœur-à-Cœur avec Dieu invisible
Faire oraison, c’est s’ouvrir humblement à l’action mystérieuse de l’Esprit de Dieu qui agit dans le cœur de l’homme. L’oraison peut s’accompagner de paix et de joie, mais elle est souvent ressentie comme une expérience spirituelle un peu austère. Prier une heure chez soi sans rien faire d’autre que contempler le Dieu invisible qui demeure au fond de son âme, n’est pas toujours évident. Il est important de se décentrer de soi-même pour se centrer sur la présence du Christ en soi.
Car en pratiquant l’oraison, on se tourne vers Dieu au cœur de notre être. Sainte Thérèse d’Avila disait que dans l’oraison “il ne s’agit pas de beaucoup penser, mais de beaucoup aimer”. Il s’agit d’une prière silencieuse et prolongée où l’on se laisse aimer. Elle n’est ni une réflexion, ni une lecture, ni une récitation. C’est le cœur-à-Cœur avec Dieu invisible. Une rencontre personnelle avec Lui.
L’adoration, le corps-à-Corps avec Dieu visible
Pour rejoindre l’homme dans son corps et son âme, Dieu s’est incarné. L’Eucharistie est le prolongement de son incarnation, un moyen que Dieu donne à l’homme pour qu’il s’unisse à Lui. La prière d’adoration est dans cette continuité de la communion eucharistique. Être face à la Présence corporelle du Christ, le regarder, lui parler, l’adorer, c’est entrer en relation avec Jésus dans un véritable corps-à-Corps.
C’est aussi prendre conscience que Jésus n’est pas complètement en notre être. On adorant Jésus-Hostie, on prend acte de cette extériorité. D’où cette attitude de respect et d’amour du chrétien priant Dieu comme Père très aimant. L’adoration s’adresse exclusivement à Dieu :
“Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et à lui seul tu rendras un culte” (Lc 4, 8).
C’est un corps-à-Corps, ou un face-à-Face avec Dieu bien visible. Pour Benoît XVI, l’adoration eucharistique permet de faire silence “non seulement autour du moi, mais en compagnie de ce Toi plein d’amour qui est Jésus Christ, le Dieu qui nous est proche”. (Benoît XVI, Angélus, Fête-Dieu, 10 juin 2007)
L’adoration, un chemin vers l’oraison
L’oraison peut être difficile sans l’adoration car en soi-même, on y trouve la plupart du temps soi-même. Sainte Thérèse d’Avila dit que l’oraison est ‘un commerce d’amitié avec un Dieu dont on se sait aimé et que l’on veut aimer en retour’. L’adoration, c’est exactement cela : un dialogue d’amour. Mais comme l’homme est tellement pauvre et nul, Dieu se met en face de lui pour l’aide.