“C’est bien vous le père Aymar qui avez fait une vidéo avec Tibo InShape ?”, interrogent des jeunes que le jeune abbé Aymar croise depuis un an, au hasard de ses pérégrinations. Pour rappel, cette vidéo “Je deviens prêtre”, publiée le 22 décembre dernier par le célèbre Youtubeur Tibo InShape, avait pour objectif de présenter le quotidien d’un prêtre. 24 minutes de questions-réponses sur la vocation, le secret de la confession, la messe, la chasteté, les lieux emblématiques de l’église, etc. Aujourd’hui, la vidéo a dépassé le millions de vues !
Gardant la tête froide, l’abbé Aymar, jeune prêtre de 28 ans incardiné à Toulouse, se réjouit des rencontres suscitées par le succès de cette vidéo. Par de nombreux commentaires au bas de celle-ci, des catholiques remercient, rassurés que leur religion ne soit pas dénigrée. Des musulmans réagissent aussi, touchés par “l’amour et le respect d’autrui qu’ont les chrétiens en général”. Des internautes, se disant athées, sont impressionnés par le climat de paix présent dans les commentaires.
Ces neuf derniers mois, le père Aymar a répondu aux plus de 7.000 commentaires. Remerciements, explications techniques mais aussi, parfois, appel à l’aide tel que celui-ci : “Je suis touché par la vidéo mais je suis perdu. Je ne sais pas qui est Jésus et par où je dois commencer”. D’autres internautes contactent le jeune abbé par message privé (300 environ). Prudent, après deux ou trois échanges de messages, ce dernier leur conseille de se rapprocher d’un prêtre de confiance. “Je ne veux pas m’ériger en directeur spirituel via internet”, assure-t-il. En janvier dernier, un infirmier trentenaire lui témoigne avoir été touché par la vidéo : “J’ai été saisi. J’ai reçu comme un appel à suivre le Christ”. Un échange et une rencontre plus tard, cet appel débouche sur le début d’un parcours de catéchuménat.
J’ai été frappé par la soif des jeunes. Ils sont avides d’être enseignés. Il n’y a plus de défiance, d’anticléricalisme.
La vidéo permet d’assurer une meilleure visibilité du prêtre dans la société. Elle a notamment été l’instrument pour des prises de contact diverses : étudiants en recherche d’éléments sur la foi catholique pour rédiger leur mémoire ; professeur de français pour illustrer un cours sur la place du prêtre dans la société française ; rencontres fortuites avec des adolescents qui, alertés par la vidéo “Je deviens prêtre”, ont pu poser des questions très profondes sur la foi, la confession, sans gêne ni tabou. “Grâce à tous ces contacts, j’ai été frappé par la soif des jeunes. Ils sont avides d’être enseignés. Il n’y a plus de défiance, d’anticléricalisme. La terre est à nu et c’est à nous de semer”, précise le père Aymar.
Au service des jeunes
Cette expérience a aussi confirmé le jeune abbé dans sa vocation de prêtre au service des jeunes. Reconnaissant de ce charisme, il publie, sur sa propre chaîne YouTube cette fois, d’autres vidéos : “Comment obtenir la vie éternelle en moins de dix minutes ?” ou “les ornements liturgiques”. Ces vidéos rendent service à de nombreux prêtres en service auprès des jeunes. Ainsi, de nombreux liens ont été créés entre eux et le père Aymar, comme une chaîne de fraternité : “J’ai compris que tout le monde n’était pas appelé à témoigner sur internet. Des prêtres m’ont avoué qu’ils n’en étaient pas capables. Je viens donc simplement, par ce charisme reçu, leur rendre ce service”.
Toujours dans cet esprit d’entraide, le jeune abbé a été contacté par un prêtre présent depuis longtemps sur les réseaux sociaux. Ce dernier se charge de l’avertir s’il dévie. Une correction fraternelle parfois difficile à entendre mais indispensable quand on est ainsi exposé. Loin de lui l’idée de se définir comme Youtubeur, influenceur ou star, le père Aymar n’est présent sur YouTube que pour témoigner, auprès des jeunes, de sa vie de prêtre.