Journées surchargées, manque de reconnaissance, absence de cohésion d’équipe, pression constante de faire toujours mieux avec toujours moins, stress chronique… Les causes du burn out sont nombreuses. Selon une récente étude réalisée pour le cabinet Empreinte Humaine, spécialiste de la prévention des risques psychosociaux, 2,5 millions de salariés souffrent actuellement de burn out. Un chiffre qui a explosé entre mai et septembre 2021, conséquence de plus d’an de crise sanitaire.
Pascal Ide définit le burn out comme la maladie du don et de l’excès d’engagement : la personne « brûle » toutes ses forces en se donnant sans compter. Jusqu’au jour où elle ne peut plus rien donner du tout. Plus une minute de travail. Plus une once d’attention aux autres. Pourtant, il y a des signaux d’alerte : remarques des proches, fatigue intense, insomnies, crise d’angoisse, irritabilité… Mais les personnes guettées par le burn out sont la plupart du temps des personnes généreuses. Alors elles font avec, elles s’adaptent – la cause est plus importante que leur petite personne – et nient les signes envoyés par leur corps, leur mental et leurs émotions.
Parmi les symptômes qui peuvent alerter figure la fatigue de tension, à différencier de la “bonne fatigue”. Une bonne fatigue, c’est celle qui apparaît après un effort physique. Elle permet au corps de se relaxer. Les muscles sont relâchés, les pensées ralenties et naturellement positives, l’humeur est sereine. S’ensuit un sommeil récupérateur. Au contraire, la fatigue de tension, “c’est l’état dans lequel nous nous trouvons parfois après une journée de travail très chargée, où nous avons répondu à de nombreuses demandes, fait face à beaucoup de stress, pensé à mille choses différentes à chaque minute”, explique Catherine Vasey, psychologue et gestalt-thérapeute en Suisse, auteur de Comment rester vivant au travail (Dunod). “Nous terminons cette journée intense avec une tête surchargée, une absence de sensation physique, une sorte de brouillard émotionnel, aucune envie, une impression d’être encombré d’un trop plein de pensées agitées”. Des tensions qui empêchent l’organisme de faire son travail habituel de récupération. Le sommeil est alors perturbé.
Des clés pour se libérer du stress
Identifier le type de fatigue permet d’y répondre de façon adéquate. “Une bonne fatigue nécessite un repos bien mérité ; en revanche, une fatigue de tension doit être traitée différemment”, précise Catherine Vasey. Pour cette dernière, il convient d’abord de libérer les tensions accumulées en se défoulant et en se changeant les idées. Si l’on est bien entraîné, quelques minutes peuvent suffire. Cela commence par des gestes très simples : bouger le corps, expirer, lâcher la voix. L’objectif est de mettre les tensions à l’extérieur de soi.
La psychologue conseille de profiter de chaque geste pour étirer les parties de son corps et d’expirer avec l’étirement pour favoriser le relâchement des tensions intérieures : privilégiez l’escalier à l’ascenseur, parlez plus fort, levez-vous le plus souvent possible (au minimum une fois par heure) si vous travaillez longuement devant un écran, fermez les yeux un court instant, ou laissez-vous regarder dans le vague toutes les 30 minutes. Protégez votre concentration en désactivant alertes et notifications. Enfin, portez attention à vos cinq sens pour apprécier le moment présent. Autant d’attitudes qui permettront au corps de faire son travail de récupération d’énergie, et se préserver ainsi de l’épuisement total. Quant à l’âme, elle peut retrouver de la force en puisant dans l’amour infini de Dieu : “Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos” (Mt 11, 28), promet le Christ.