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Le défi de Dominique et Sixtine ? Prendre soin des familles les plus fragiles

Dominique et Sixtine de Raucourt

courtesy of Dominique et Sixtine de Raucourt

Marzena Devoud - publié le 19/11/21

À l’occasion de cette année consacrée à la famille, Aleteia part à la rencontre de ceux qui mettent en œuvre les pistes que le pape François a développées dans son encyclique Amoris Laetitia en vue de renforcer le soutien apporté aux couples et aux familles. Rencontre aujourd'hui avec Dominique et Sixtine de Raucourt, engagés dans la pastorale des familles du diocèse de Bayeux-Lisieux. (11/12)

Dominique et Sixtine forment un couple dynamique et tourné vers les autres. Au cours de notre échange, chacun sait laisser la place à l’autre avec naturel et fluidité. Ces jeunes retraités, mariés depuis 45 ans, sont tous les deux médecins. Dominique, ORL de formation, a travaillé près de 40 ans au centre de lutte contre le cancer de Basse Normandie. Sixtine, dermatologue spécialisée en cancérologie, a accompagné dans le privé comme à l’hôpital des malades de cancers graves. Ces parents de cinq enfants et grands-parents de dix-sept petits-enfants ont certainement un bagage spirituel de grande valeur : 43 années passées aux Equipes Notre-Dame ! Mais le secret de ce couple étonnant ne vient pas uniquement de cette expérience. Au cours de leur vie consacrée à soigner et à veiller les malades, ils ont développé une capacité d’observation, d’accueil et d’écoute inestimable. Délégués depuis deux ans à la pastorale des familles pour le diocèse de Bayeux-Lisieux, cet engagement vécu ensemble est à la fois la continuité et la consécration d’une générosité rafraichissante.

Prendre soin des familles

Comment est venu le déclic ? « C’était il y a quatre ans, le vicaire général nous a demandé si on acceptait cette responsabilité. Nous avons attendu d’être à la retraite pour pouvoir nous y investir vraiment. Nous voulions d’abord prendre un peu de recul, et nous avons décidé d’aller marcher trois mois de Saint-Malo jusqu’à Compostelle. Ce pèlerinage a permis de cristalliser certaines questions et de dissiper des doutes. Surtout, la lecture de l’encyclique Amoris Laetitiaest survenue à ce moment de notre vie », confie Sixtine à Aleteia. Dominique ajoute : « Nous avons reçu l’encyclique avec une joie et un plaisir incroyables. Bien sûr, ayant été responsables des Equipes Notre Dame pour le diocèse, on avait beaucoup travaillé Familiaris Consortio de Jean Paul II. Mais dans Amoris Laetitia nous avons été très touchés par l’appel du Pape à prendre soin des familles. Pour nous, cette mission devait mettre en œuvre Amoris Laetitia, ajoute-t-il.

Cette révélation que le Christ est l’allié du couple au quotidien est « révolutionnaire ».

Pour être à la hauteur, une fois la décision prise, le couple se lance dans une formation de deux ans proposée par le diocèse. À la clé en fin de parcours, le certificat d’aptitude à la diaconie des familles (CADIF) en poche pour chacun. La formation avec des apports sociologiques et bibliques enthousiaste le couple : « L’encyclique est dans la lignée des autres textes, mais elle a la saveur toute particulière du pape François qui sait garder un regard pastoral, pas dogmatique. Il s’attache à la réalité que vit chacun, et que chacun est appelé à vivre dans l’Église », souligne Sixtine. 

Une lecture lumineuse pour le couple aussi sur le plan personnel. Avec parfois des éléments surprenants. « Ce qui m’a redynamisé dans ma vie de couple, c’est la vision du sacrement de mariage comme un don dans lequel le Seigneur s’engage à accompagner le couple et à l’aider à vivre ce sacrement au quotidien. Cela permet tout un cheminement.

Le pape François est imprégné des réalités de notre monde, il sait en parler. Il l’illustre de façon très personnelle, il n’est pas dans l’utopie.

Quand nous nous étions mariés, les acteurs du sacrement, c’étaient les époux. Dans Amoris Laetitia, il est dit que le Christ s’engage avec eux. Cela m’a beaucoup interpelé dans ma vie spirituelle », confie Dominique qui depuis, dans sa prière, remercie Dieu pour son mariage et demande au Christ d’accompagner et de nourrir son couple. D’une seule voix, Dominique et Sixtine le confirment : cette révélation que le Christ est l’allié du couple au quotidien est « révolutionnaire ». « Le pape François est imprégné des réalités de notre monde, il sait en parler. Il l’illustre de façon très personnelle, il n’est pas dans l’utopie. Le chemin avec le Seigneur, tout le monde y est appelé, on y est au quotidien ! », s’enthousiasment-ils.

Mais alors comment aborder une telle mission ensemble et au quotidien ? Pour répondre à cette question, Dominique et Sixtine prennent quelques instants de silence, interrompus par un rire complice. La réponse ne tarde pas plus : « On partage cette responsabilité à deux, avec des approches souvent très différentes, on se frite terriblement et très facilement, on est agacé par l’autre mais cette confrontation est positive, elle permet d’arriver à des choses beaucoup plus abouties, plus réalistes… On va plus loin ensemble que chacun de son côté ».

L’hôpital de campagne

Si la vision de la mission vécue par le couple est aussi claire, c’est parce que Dominique et Sixtine gardent en tête cet appel lancé par le Pape : « Il faut libérer les énergies de l’espérance ». C’est ce qui les booste au quotidien. Un exemple ? Pendant le premier confinement, Dominique et Sixtine ont lancé l’opération « la lumière brille dans la nuit » : une idée toute simple, celle de proposer à ses voisins de décorer la rue avec des bougies à la fenêtre. Au début, il y a avait une bougie à quelques fenêtres. Rapidement, les flammes se sont multipliées, chaque soir, à chaque maison. Ce n’était plus une bougie par fenêtre, mais plusieurs ! « En tant que témoins de l’espérance, il fallait montrer que les chrétiens y arrivent ». L’idée s’est répandue dans tout le diocèse : « L’enthousiasme et l’espérance sont vraiment communicatifs », ajoutent-ils, en soulignant que c’est ainsi qu’il faut entrer dans une « créativité missionnaire ».

Celle qui consiste à « aller vers les périphéries », vers les gens en souffrance, vers ceux qui sont en colère, qui ont claqué la porte de l’Église. « Depuis très longtemps, il y avait un vide dans l’après-mariage. On s’occupait de la formation au mariage, mais rien après. Aujourd’hui, les couples qui se marient sont à 90%, loin de l’Église. Ils sont fragiles. Ils ont besoin d’être accompagnés. Vous savez combien de fois le Pape prononce ces deux mots « prendre soin » dans Amoris Laetitia ? Douze fois ! »

L’Église aujourd’hui, c’est l’hôpital de campagne. Il y a tant de souffrances cachées, tant de personnes séparées… Quand elles nous confient leurs épreuves, nous avons envie de pleurer avec elles.

Depuis, Dominique et Sixtine multiplient les initiatives auprès des couples divorcés, des familles recomposées, des homosexuels… « Il y en a beaucoup qui sont au bord de la route. Notre mission, c’est de verser du baume sur les plaies ». L’Église aujourd’hui, c’est l’hôpital de campagne. La fameuse expression employée par le Pape fait fortement écho dans le cœur de ces deux médecins : « Il y a tant de souffrances cachées, tant de personnes séparées… Quand elles nous confient leurs épreuves, nous avons envie de pleurer avec elles ».

Le pape François dit bien que tout le monde a sa place dans l’Église. « C’est important : il faut partir de ce que les gens vivent, avant de partir de l’idée du couple idéal donné par l’Église. Notre défi est de mettre tous ces gens en chemin », affirme Sixtine. Et à Dominique de compléter : « La dernière phrase de l’encyclique me frappe beaucoup : « Cheminons, familles, continuons à marcher ! Ce qui nous est promis est toujours plus. Ne désespérons pas à cause de nos limites, mais ne renonçons pas non plus à chercher la plénitude d’amour et de communion qui nous a été promise. » Ce à quoi il aime ajouter : « N’ayons pas peur de la boue en chemin ! Il ne faut jamais désespérer : quelque soit la souffrance, l’épreuve, le Seigneur nous rejoint, il nous invite toujours à cheminer avec lui ».

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Amoris lætitiaCoupleFamillePape Françoispastorale
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