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GPA, en avant pour le guet-apens émotionnel

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FRANCE 2

Sofia Essaïdi dans "Qu'est-ce qu'elle a ma famille".

Blanche Streb - publié le 14/02/22

Docteur en pharmacie et essayiste, Blanche Streb apporte chaque semaine son éclairage sur les grands enjeux de société qui touchent à la vie humaine. Elle dénonce cette semaine le piège émotionnel dans lequel les partisans de la gestation pour autrui cherchent à enfermer l’opinion.

Mercredi 9 février, France 2 a déroulé un « tapis rouge » à la promotion de la gestation par autrui (GPA), cette fameuse — pardon, fumeuse — « ligne rouge » pour le gouvernement… cette pratique pourtant interdite, pour de bonnes raisons, dans notre pays. En trois morceaux choisis : un téléfilm, un débat sans débat, un reportage donnant la parole à d’adorables enfants, la boucle est bouclée. Le téléfilm (Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?) retrace l’histoire de plusieurs personnes ayant eu recours à la GPA à l’étranger dont celle du journaliste militant Marc-Olivier Fogiel, auteur d’un livre ayant inspiré ce clip de promotion qui peut se résumer ainsi : « une scène = un argument idéologique » selon le journal Marianne

Une réalité de la GPA délibérément occultée

Hormis une courageuse députée, et malgré ses arguments étayés et pertinents pour défendre la position du législateur et la nécessité de protéger les droits de l’homme et en particulier ceux de l’enfant, l’ensemble du plateau était favorable à la gestation pour autrui, tous étant juge et partie. Scandaleux. Par ce traitement partial du sujet, la télé publique s’illustre à nouveau comme chaîne qui enchaîne la réflexion. L’objectif est clair : endormir toujours plus les esprits, et le moyen imparable : ne présenter que le joli côté de la médaille, celui où tout est lustré, celui où « tout va bien dans le meilleur des mondes… ». 

Comme le relève l’essayiste Céline Revel-Dumas, auteur de GPA, Le Grand Bluff (Cerf) c’était « un traitement caricatural du sujet, à des fins clairement politiques ». Le tout financé par le contribuable, s’il vous plaît. Il est profondément révoltant de constater à quel point tant de réalités de la GPA sont totalement et délibérément occultées. L’émotion est instrumentalisée pour flouter la raison. Ce qui est confisqué à ceux qui se laissent embarquer dans ces fables, c’est leur capacité à discerner, en vérité. Seule la compréhension de ce qu’implique réellement la pratique de la gestation pour autrui pour l’enfant, la femme, le couple et plus encore pour la société peut permettre de se faire un avis éclairé. 

L’augmentation des risques pour les mères

Juste un exemple, marquant. Pendant que ce couple d’homme fait la fête en France, la mère porteuse, elle, se retrouve aux urgences, en état d’hypertension. L’accouchement (ou la césarienne, on ne sait pas) est donc provoqué avant le terme. Et l’enfant passe naturellement par la case réanimation néonatale. Le gentillet scénario, qui en profite pour saupoudrer un peu d’émotion fallacieuse, n’apporte aucune explication à ce phénomène. Une grossesse comporte des risques, une GPA d’autant plus. Cette femme fait manifestement une pré-éclampsie, un syndrome d’hypertension grave. En général, il s’agit d’une urgence vitale pour la femme, qui nécessite de faire naître l’enfant. Or, ce risque d’hypertension est beaucoup plus élevé dans les cas de fécondation in vitro avec embryons congelés, mais aussi et surtout lorsque la grossesse concerne un enfant conçu avec un ovocyte « étranger » d’un point de vue immunitaire, puisque provenant d’une autre femme. 

Le téléspectateur, également pris en otage, et même muselé : qui oserait encore contester une pratique qui aboutit à la naissance d’un enfant ?

Ce qui est le cas pour les dons d’ovocyte et la très grande majorité des GPA, car les ovocytes proviennent de la femme qui « passe commande » ou, lorsqu’elle ne peut pas en fournir ou que les commanditaires sont des hommes, les ovocytes sont tout simplement « achetés ». Désormais, les études ne laissent plus planer aucun doute sur l’augmentation des risques encourus par les femmes — même celles qui sont en parfaite santé avant la grossesse — et par les enfants, en conséquence. 

Le piège du « conséquentialisme »

Face à ces visages, ces images, ces bavardages à sens unique, nous sommes tous pris en otage. Le législateur, mis devant le fait accompli puis sommé « d’encadrer » ? Tactique efficace. Le téléspectateur, également pris en otage, et même muselé : qui oserait encore contester une pratique qui aboutit à la naissance d’un enfant ? Le piège du « conséquentialisme » se referme. Il est pourtant simple à décrypter : c’est la pensée qu’une conséquence bonne devienne le seul critère pour qu’un acte devienne juste ou bon. Un enfant, infiniment précieux et respectable, est toujours une « conséquence » bonne. Cela ne légitime pas pour autant tous les modes de procréation, certains restent contraires à la dignité humaine et à l’intérêt supérieur de l’enfant. Les enfants interrogés enfin, otages de leur mode de conception comme de leur ressenti. Comment, si petits, imaginer qu’ils puissent avoir une quelconque distance avec les choix de ceux qui les aiment et les élèvent ? Choix qui sont à l’origine même de leur vie, qu’on leur souhaite plus que tout d’aimer et de traverser en paix.

Le traitement médiatique de la GPA conduit à un véritable guet-apens émotionnel pour l’opinion publique. Plus que jamais, devant ces offensives, il convient de préserver sa liberté de penser et d’oser affirmer à temps et à contretemps qu’un enfant ne peut être ni un droit, ni réduit à une transaction. Nous ne sommes pas dans le monde des bisounours, mais dans le monde des désirs tout puissants de l’adulte, derrière lequel se frottent les mains du business de la procréation artificielle.  

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