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L’héroïsme d’un catholique et d’un juif italien face à la Shoah, bientôt à l’écran

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cristian ghisla | Shutterstock

Sanctuaire de Beato Sante à Mombaroccio

Louise Alméras - publié le 21/05/22

Le producteur indépendant Arman Julian s’est emparé de l’ouvrage de Roberto Mazzoli, "Siamo qui, Siamo vivi" ("Nous sommes là, nous sommes vivants"), tiré d’une formidable histoire vraie. Le sauvetage de milliers de Juifs en Italie, durant la Seconde Guerre mondiale. Le film est en cours de production.

Tout commence quand le journaliste Roberto Mazzoli se rend au Beato Sante, le couvent de saint François d’Assise, dont il est familier, vivant lui-même à Mombaroccio où il se trouve. Un moine partage avec lui un texte écrit il y a des années par un autre moine, sur un homme venu d’Allemagne à bicyclette en 1953 pour accomplir un vœu. Passionné d’histoire, le journaliste apprend que cet homme, c’est Erich Eder, un officier de l’armée allemande, qui retrouve Alfredo Sarano, alors Secrétaire de la communauté juive de Milan et père de famille. Les deux hommes se connaissent depuis la guerre. Et leur histoire est tellement incroyable qu’il songe immédiatement à la porter à l’écran. Quelques années plus tard, c’est chose faite. Le tournage a lieu en ce moment en Italie, notamment sur les lieux-mêmes du “Beato Sante”, et le film devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année.

L’officier, le Juif et le monastère

Nous sommes à l’été 1944. Erich Eder n’a que 20 ans. Il commande alors la défense de la ville de Mombaroccio face aux troupes américaines, polonaises, britanniques et canadiennes chargées de repousser l’armée allemande. Retranchés dans le monastère du “Beato Sante”, près de 300 Juifs, dont la famille Sarano, tentent d’échapper à la Wehrmacht. Roberto Mazzoli découvre alors le rôle du monastère dans le sauvetage de nombreux Juifs, notamment grâce à l’évêque de Pesaro, et comment cela a-t-il pu se passer. Il décide de contacter des survivants de l’événement et se retrouve en relation avec les filles du docteur Alfredo Sarano. Celles-ci lui donnent les mémoires de leur père, précieux témoignage de ce moment historique auquel on doit ce film. The Hollywood Reporterprécise “qu’après avoir envoyé sa famille par le train à Pesaro, le docteur Sarano est resté à Milan pour sauver la vie de plus de 14.000 Juifs.” Notamment en cachant la liste des noms de la communauté juive, pour lui éviter la déportation ou la mort, systématiques depuis l’invasion de l’Italie par les Allemands le 8 septembre 1943. Et le journaliste de déclarer : “Grâce à la sensibilité d’Arman Julian, les paroles d’Alfredo Sarano écrites il y a plus de quatre-vingt ans reviendront raviver ces lumières qui illuminent les ténèbres de la Shoah”.

La famille Sarano se réfugie alors au couvent franciscain avec d’autres, où seul le gardien, le père Raffaelli, savait qu’ils étaient juifs. Quand Erich Eder y arrive à son tour en 1944 avec 150 parachutistes, il sait avoir affaire à des familles juives. Il n’en dira rien à ses supérieurs, assurant au prêtre que pour lui les Juifs “sont des réfugiés comme les autres”. Au mois d’août, la zone de Mombaroccio est bombardée. Moines, Allemands et Juifs se retrouvent tous dans la cave du couvent, Alfredo Sarano récite le Shema, les autres le Notre Père. Le lendemain, un soldat allemand arrive pour informer le commandant Eder, qui décide de battre en retraite pour ne pas perdre le contact avec le reste de l’armée allemande. Et, avant de partir, demande une bénédiction au père. Ce dont se souvient avec émotion Alfredo Sarano : “À ce moment-là, nous avons oublié la situation tragique dans laquelle nous nous trouvions et nous avons été émus à la vue de ce soldat qui, en tant que croyant, invoquait le salut divin par l’intermédiaire du prêtre.”

Le récit de la visite d’Eder au monastère ajoute que le commandant de la Wehrmacht avait dit au père, s’il mourrait : “Je vous demande d’écrire à ma mère et de lui dire que son fils, avant de mourir, a séjourné dans ce sanctuaire et a gardé en mémoire, jusqu’à ses dernières heures, les enseignements qu’il a reçus dans son enfance.” La dernière fois qu’il est retourné au “Beato Sante”, c’était en 1998, avant sa mort.

Tags:
CinémaItaliejuifsSeconde guerre mondiale
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