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Élisabeth II, une authentique souveraine chrétienne

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Elisabeth II

Lindsey Parnaby / AFP

Elizabeth II à la sortie de la messe à l'église St Mary the Virgin à Hillington, Norfolk, le 19 janvier 2020.

Marzena Devoud - publié le 31/05/22 - mis à jour le 09/09/22

La reine Élisabeth II est décédée le 8 septembre 2022. Cette occasion est prétexte à une multiplication d'articles sur la souveraine : sa longévité, son caractère, ses ennuis, ses bonheurs... Pourtant, rares sont ceux qui soulignent que la reine était aussi une authentique monarque chrétienne.

Pour les sujets d’Elisabeth II et depuis le début de son règne en 1952, le message de Noël de la reine était un événement particulièrement solennel. À la manière des catholiques qui suivent la retransmission de la bénédiction urbi et orbi du Pape, des millions de britanniques ne manquaient jamais ce moment de télévision pour écouter avec émotion leur reine et chef de l’Eglise d’Angleterre.

Diffusée d’abord à la radio, puis devenue télévisée en 1957, ce fut l’unique cérémonie où elle s’adressait à la nation sans consulter le gouvernement. Comme l’explique Catherine Pepinster dans le quotidien britannique The Guardian, les seuls qui ont toujours jeté un œil sur le texte que la reine préparait, c’était son secrétaire privé, le conseiller théologique attitré de la famille royale et, bien sûr, son époux, le prince Philip mort le 9 avril 2021. Pourquoi cette exception ? Probablement parce que ses réflexions sur l’importance de la foi chrétienne dans sa vie ont toujours eu une dimension personnelle évidente.

Avec son accession au trône, la reine est devenue également le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre. Comme tous les souverains britanniques, Elisabeth Il a été couronnée et sacrée par l’archevêque de Canterbury au cours d’une cérémonie qui tire ses origines du sacre des rois de France. C’est donc à ce titre qu’elle fut “Reine par la grâce de Dieu, défenseur de la foi” (Dei Gratia Regina Fidei Defensor). De nombreuses célébrations religieuses façonnaient alors sa vie publique en tant que “gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre”. Mais c’est le message de Noël annuel qui dévoilait clairement son rapport à Dieu et sa foi personnelle. Ce lien était visible même avant qu’elle soit couronnée :

“Priez pour moi … afin que Dieu me donne la sagesse et la force de tenir les promesses solennelles que je vais faire, et que je puisse le servir fidèlement, ainsi que vous, tous les jours de ma vie.”

Telle était la demande de prière formulée par la reine Elisabeth II lors de son premier message de Noël en 1952, six mois avant son couronnement le 2 juin 1953, à l’abbaye de Westminster, à Londres.

Coronation of Elizabeth II
Le couronnement de la reine Elizabeth II, l’abbaye de Westminster à Londres, le 2 juin 1953.

La foi, “l’ancre de sa vie”

Ses discours de Noël révélaient année après année une certaine évolution dans sa manière d’évoquer sa foi personnelle et les valeurs chrétiennes telles que le pardon, la réconciliation, l’amour ou le sens du service. C’est au cours des 22 dernières années de son règne, que ses messages ont pris un ton différent, presque intime. La reine y parlait volontiers de sa foi comme de “l’ancre de sa vie”.

En effet, depuis l’an 2000, Elisabeth II a décidé de consacrer son message de Noël au récit de la vie et à l’enseignement du Christ. Celui qui donne le cadre où elle “essaie de mener sa propre vie” :

“Pour beaucoup d’entre nous, nos croyances sont d’une importance fondamentale. Pour moi, les enseignements du Christ et ma responsabilité personnelle devant Dieu constituent le cadre dans lequel j’essaie de mener ma vie. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai puisé dans les paroles et l’exemple du Christ un grand réconfort dans les moments difficiles”.

Son discours à la fois ouvertement chrétien prendra en 2014 un ton encore plus personnel :

“Pour moi, la vie de Jésus-Christ, le Prince de la paix, dont nous célébrons la naissance aujourd’hui, est une source d’inspiration et un point d’ancrage dans ma vie. Modèle de réconciliation et de pardon, il a tendu les mains dans l’amour, l’acceptation et la guérison. L’exemple du Christ m’a appris à chercher à respecter et à valoriser toutes les personnes, quelle que soit leur foi ou leur absence de foi.”

Deux ans plus tard, la reine explique sous forme de témoignage comment elle trouve dans le Christ “la lumière qui guide sa vie”:

“Des milliards de personnes suivent aujourd’hui l’enseignement du Christ et trouvent en lui la lumière qui guide leur vie. Je suis l’une d’entre elles parce que l’exemple du Christ m’aide à voir la valeur de faire de petites choses avec beaucoup d’amour, quel que soit celui qui les fait et quelle que soit sa propre croyance.”

Enfin en 2020, la veille de Noël, depuis le château de Windsor où elle s’est isolée avec le prince Philip en raison de la pandémie de Covid-19, elle assure de ses prières après avoir évoqué la parabole du Bon samaritain :

“Bien sûr, pour beaucoup, cette période de l’année sera teintée de tristesse : certains pleurent la perte de ceux qui leur sont chers, et d’autres des amis et des membres de la famille éloignés pour la sécurité, alors que tout ce qu’ils voudraient vraiment pour Noël est une simple étreinte ou une poignée de main. Si vous êtes parmi eux, vous n’êtes pas seuls, et laissez-moi vous assurer de mes pensées et prières.”

Le credo personnel

Selon certains observateurs royaux, c’est clairement à l’occasion du 2000e anniversaire de la naissance du Christ que la reine a décidé de parler plus ouvertement de sa foi. D’autres y voient la main de George Carey, à l’époque archevêque de Canterbury. Pour Ian Bradley, professeur d’histoire à l’université de Saint Andrews et auteur de God Save the Queen – The Spiritual Heart of the Monarchy, il s’agit plutôt de l’influence directe du prince Philip : “Après son récit très personnel en 2000, la reine a été encouragée à continuer de parler de sa foi. On m’a dit qu’elle avait reçu 25 fois plus de lettres que d’habitude, en réponse à ce message de Noël, et qu’elle avait eu un énorme soutien du duc d’Édimbourg pour continuer ainsi dans sa façon de parler aux britanniques de son credo personnel”, a expliqué Ian Bradley lors d’une interview donnée au quotidien anglais The Guardian.

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Elisabeth II lors du 750e anniversaire de l’abbaye de Westminster, le 15 octobre 2019.

Ce qui est frappant, c’est ce détail qui change : dans son premier message Elisabeth II a demandé de prier pour elle. Dans celui qu’elle a donné à l’approche de son jubilé de platine, elle a assuré de sa prière pour ses sujets. Le signe que la sagesse, le sens du service et la quête de Dieu d’Elisabeth II n’ont cessé de grandir et de s’unir, pour en faire l’une des souveraines le plus rayonnantes et les plus aimées, bien au-delà du Royaume Uni.

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Elisabeth IIFoigrande bretagneRoyauté
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