Ernesto Navarro Núñez, surnommé “Titino”, a 35 ans et est né à Guadalajara, au Mexique. Alors qu’il ne connaissait déjà pas son père, sa mère l’abandonne à son tour lorsque le petit garçon atteint l’âge de 7 ans, alors même qu’elle lui avait promis de rester à ses côtés. Blessé à vif, Ernesto se laisse submerger par le ressentiment, mêlé d’une profonde tristesse. “Je me sentais vide, il y avait un immense vide. Je me souviens que lors d’une fête des mères toutes les mamans étaient là, et il manquait à la mienne. À tous les moments importants de ma vie, elle n’était pas là”, explique t-il à Aleteia.
En prime, la drogue vient pervertir son quotidien. Le jeune homme se lance dans des trafics de drogue, en ayant pourtant la force de caractère suffisante pour refuser d’en consommer lui-même. Il devient dealer. Le cartel pour lequel il travaille est d’ailleurs devenu l’un des plus puissants du Mexique.
Entre 17 et 18 ans, le vide intérieur ne fait que grandir pour laisser place à la tentation du suicide. Ernesto prévoit tout. Il vend ses vêtements, collecte 5.000 pesos, soit 250 euros, pour son incinération. Pourtant, une rencontre vient bousculer ses idées sombres. Alors qu’il est sur le marché, un homme âgé s’approche, lui demandant s’il a un pantalon à vendre. “J’en ai un, lui répond Ernesto, mais il est “cholo”’, ce qui veut dire “ample” en espagnol. “Tu n’es pas seul, mon garçon. Il y a quelqu’un qui t’aime. Cherche-le.” Ernesto se dit qu’il a au mieux affaire à un sourd — qui aurait entendu “solo” (“seul” en espagnol) —, au pire à un fou. Mais les paroles restent gravées dans son esprit. Il les médite, les retourne dans tous les sens. “Et puis j’ai commencé à chercher Dieu. Je l’ai découvert à travers autrui, dans les personnes bonnes que j’avais pu rencontrer et dans les jeunes et les adolescents esseulés, souffrants. C’est avec eux que je me suis rapproché de Lui et que j’ai compris mon propre vide existentiel.”
Seul, l’homme ne peut pas pardonner réellement. Avec l’aide de Dieu et par Dieu, il peut.
Sa mère lui envoie une lettre pour se rapprocher de lui, mais Ernesto refuse de la rencontrer, submergé par la colère et la rancune. Pourtant, au fil des années, l’amertume s’efface pour laisser place au pardon. “J’ai retrouvé ma mère, nous entretenons aujourd’hui de très bonnes relations. J’ai attendu plus de 20 ans pour comprendre ce qu’il s’était passé et pour l’accepter”, reprend-t-il. “Et j’ai beaucoup demandé à Dieu de me donner la force de pardonner. Seul, l’homme ne peut pas pardonner réellement. Avec l’aide de Dieu et par Dieu, il peut.”
Ernesto cesse ensuite toute activité liée aux cartels de drogue. Sa carrière dans le rap débute, en essayant de parler de Dieu tout en étant réaliste quant à la souffrance éprouvée. Véhiculer un message de foi et d’espérance auprès des jeunes devient sa nouvelle mission. Il intervient dans les écoles et dans les prisons, dans les espaces publics… Chaque semaine, près de 300 enfants et adolescents assistent aux activités qu’il organise la semaine.
Je suis toujours en conversion car j’apprends toujours de Dieu. Saint Paul le dit : nous sommes faibles et pécheurs, mais le Christ est notre force”
Une véritable conversion que le rappeur considère être toujours en cours : “Je suis toujours en conversion car j’apprends toujours de Dieu”, confie-t-il encore. “Saint Paul le dit : nous sommes faibles et pécheurs, mais le Christ est notre force.”