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Le rapport sur les abus des frères Philippe, nécessaire travail de vérité

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Godong

Six religieuses enlevées en Haïti lors d’un voyage vers la capitale Port-au-Prince.

Cécile Séveirac - publié le 02/02/23

Les dominicains de la province de France publient “L’affaire” (Cerf), une enquête hors-normes sur les défaillances institutionnelles qui ont facilité la persistance pendant plusieurs années de graves dérives sexuelles commises par les frères Philippe. Un travail douloureux mais profondément nécessaire confirme l’actuel provincial de France des dominicains, frère Nicolas Tixier. Explications.

Veritas, ou vérité en latin. Telle est la devise de l’ordre des Prêcheurs Dominicains. Une devise que ces derniers ont décidé de mettre en pratique, même dans la tourmente. Dans le but de “faire toute la lumière” sur ce qui constitue “une tragédie”, le frère Nicolas Tixier, Provincial de France, a demandé le 30 janvier 2020 à l’historien Tangi Cavalin de mener une enquête sur les abus spirituels et sexuels commis par deux frères de sang et prêtres, Thomas Philippe (1905-1993) et Marie-Dominique Philippe (1912-2006). Tous deux dominicains, le premier est devenu aumônier de l’Arche, fondée par Jean Vanier dont il fut le père spirituel, et le second fondateur de la communauté Saint-Jean.

Intitulé L’Affaire – Les dominicains face au scandale des frères Philippe, cette somme de plus de 700 pages est le fruit de trois années d’une recherche ardue menée par Tangi Cavalin. L’historien a sondé les archives des dominicains de France pour situer le rôle de l’Ordre dans cette affaire. “L’institution n’aurait pas dû faillir”, a assuré le frère Nicolas lors d’une conférence de presse de ce jeudi 2 février. Elle se serait ainsi révélée “absolument incapable de réguler ces frères et d’empêcher leurs agissements”.

Révélations d’emprise spirituelle et d’abus sexuels 

Les résultats de l’enquête ont révélé l’existence quasi ininterrompue d’une sorte de “société secrète” caractérisée par de graves dérives “mystico-sexuelles”. Une affaire “totalement inouïe”, estime l’historien, qui qualifie cette société de véritable “force de subversion souterraine”. Affaire d’autant plus sidérante que les deux frères Philippe “n’ont exprimé de leur vivant aucun repentir pour les actes commis, et sont même morts en étant convaincus de leur bon droit”, selon Tangi Cavalin. 

Établir les faits, comprendre les mécanismes : une tâche de longue haleine qui s’est heurtée à de nombreux obstacles, parmi lesquels les difficultés d’accès aux archives de Rome. En plus des archives des dominicains de France qui lui ont été ouvertes, Tangi Cavalin n’a pu travailler qu’avec des rapports d’archives du Saint Office, c’est-à-dire leurs synthèses, et non les pièces brutes. “La frustration est immense, et beaucoup de choses n’ont pas pu satisfaire le travail de recherche de l’historien”, regrette Tangi Cavalin, “mais il a fallu faire avec ce qui nous a été donné, qui regorgeait déjà d’un certain nombre d’informations”. Un travail “douloureux, mais qui relève de l’honneur de l’Ordre”, affirme le frère Nicolas Tixier, et qui trouve auprès de la communauté dominicaine un véritable soutien. “Les dominicains sont heureux de pouvoir porter un regard mûr sur notre histoire.”

Tags:
Abus sexuelscommunauté Saint-JeanJean Vanier
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