Né en 1954, Roman Kluska fonde en 1988 une société spécialisée dans la fabrication d’ordinateurs. Nous ne sommes encore qu’à la veille de l’effondrement du régime communiste. Et c’est pourtant un coup de génie : son entreprise, Optimus, s’impose très rapidement comme leader sur le marché de l’Europe de l’Est. Les intuitions “business” de ce Bill Gates polonais fascinent : comment un homme qui avait commencé avec 12 dollars en poche a pu battre IBM, Dell et Hewlett-Packard ?
Pourtant en 2002, Roman Kluska est arrêté par les autorités polonaises qui l’accusent de fraude fiscale. Il est finalement complètement blanchi et indemnisé pour sa détention injustifiée. Cette affaire très médiatisée révèle alors les profondes failles de la réglementation et un système mafieux au sein des services fiscaux de la Pologne post-communiste. Symbole de la lutte contre la corruption, Roman Kluska devient une personnalité publique courtisée par les politiques de tout bord et très populaire notamment pour ses nombreuses activités philanthropiques. Parmi elles, le financement… de la construction du sanctuaire de la Divine Miséricorde à Cracovie.
La chute en ski et le “Petit journal”
Le début de cette étonnante histoire remonte à des vacances d’hiver passées en famille dans les montagnes, au début des années 1990. “Comme je n’avais pas vraiment le temps de skier dans la journée à cause du travail, je faisais juste quelques descentes à la tombée de la nuit. À l’époque, les pistes étaient très mal éclairées. Et un jour, j’ai fait une grosse chute provoquant la rupture du tendon d’Achille. Cela m’a immobilisé pendant de longues semaines”, confie-t-il à Aleteia. Depuis son lit, si Roman Kluska continue de gérer parfaitement son “empire” au téléphone, le soir, il s’ennuie. Incapable de se déplacer, il cherche un jour à trouver une lecture et il voit sur sa table de chevet le Petit journalde sainte Faustine. “Ma femme me l’avait posé près de mon lit. Aujourd’hui, je sais que ce n’était pas un hasard”, poursuit-il. Habitué aux ouvrages plutôt scientifiques ou consacrés à son domaine de business, l’entrepreneur commence à le lire, “sans enthousiasme pour une auteure qui n’a fait que trois classes d’école primaire”.
Dans ma vie d’homme d’affaires, je soulignais sans cesse les incohérences de mes collaborateurs. Imaginez mon étonnement lorsque, en lisant le “Petit journal”, je n’ai pas eu une seule remarque à faire !
Pourtant, le livre le captive. Tout lui paraît tellement logique. “Dans ma vie d’homme d’affaires, je n’arrêtais pas de souligner sans cesse les incohérences d’analyse de mes adjoints ou de mes directeurs. Imaginez mon étonnement lorsque, en lisant le Petit journal, je n’ai pas eu une seule remarque à faire ! Pas une seule incohérence dans un livre de 600 pages. Il était clair pour moi que c’est Jésus qui avait dicté à Faustine tous ses mots. En les lisant, j’ai été captivé et émerveillé par Dieu, par sa perfection dans toutes les dimensions. Dieu dit à l’homme : Tu as le choix entre mon amour infiniment miséricordieux et ma justice. Tout dépend de toi. Tu es libre. Choisis. J’ai enfin ressenti ce que signifie être un homme libre. C’était une véritable expérience personnelle avec Dieu”, confie-t-il.
Dans ma cellule de prison, dès que des idées noires m’envahissaient, je récitais : “Jésus, j’ai confiance en Toi”.
Lorsqu’il est arrêté et emprisonné quelque temps plus tard, sous prétexte de fraude fiscale, le Petit Journal est sa “seule et unique arme”. “En prison, il ne me restait rien d’autre que la promesse de Jésus : si je lui faisais confiance, il prendrait mes problèmes sur lui. Dans ma cellule, dès que des idées noires m’envahissaient, je récitais, Jésus, j’ai confiance en Toi. En priant ainsi, j’ai compris alors que la miséricorde de Dieu n’est pas gratuite. Nous devons répondre à l’amour irrésistible que Dieu nous offre par une confiance en Lui tout aussi forte, quoi qu’il arrive. Lorsque nous sommes capables de le faire et d’accepter la volonté de Dieu, les problèmes, se résolvent d’eux-mêmes”, conclut l’homme d’affaires qui fait dès sa sortie de prison un don de 4 millions d’euros pour financer la construction du sanctuaire de la Miséricorde divine à Cracovie. Et pour faire connaître la pensée de sainte Faustine, il distribuera gratuitement pas moins d’un million d’exemplaires de son Petit journal.
Si, aujourd’hui, Roman Kluska s’est lancé, avec succès, dans l’élevage de moutons et l’agriculture biologique, il continue de soutenir les projets ancrés dans les valeurs chrétiennes et de témoigner sans cesse que la confiance en la miséricorde de Dieu n’est jamais contre productive, même lorsqu’il s’agit des affaires de ce monde.