Quand Bruce Springsteen, rocker de 73 ans “born in USA”, donne son concert à l’U-Arena, on danse de 7 à 77 ans. Quand Titou, 3 ans, fête la fin de l’année scolaire des maternelles déguisé en champignon, toute la classe danse en rond sur l’estrade, et les parents prennent des photos. Et quand le roi David (2 S 6, 16-17, 20-22) entre dans Jérusalem avec l’Arche d’alliance, il danse comme un cabri, et à peine plus vêtu qu’un cabri : “David, vêtu d’un pagne de lin, dansait devant le Seigneur, en tournoyant de toutes ses forces.” On danse quand on est heureux. Et dans le malheur, quand tout va mal… “alors on danse” (Stromae).
En avant la musique !
Évidemment vous trouverez quelques grincheux : Mikal, fille de Saul, méprise David qui selon elle se déshonore à gesticuler ainsi devant les servantes. Mr Darcy promène son regard hautain au long des pages du roman de Jane Austen : la danse ? une pratique de sauvage… fût-elle la plus académique des danses de salon. Et vous trouverez la cousine un peu timide, qui tape légèrement du pied au rythme de la musique qui se lancerait bien mais qui n’ose pas — “je vais être ridicule, qu’est-ce qu’on va penser de moi”. Mais quand elle est toute seule, elle danse.
Alors puisqu’il va faire beau et que les occasions de danser, de faire danser se rapprochent, en avant la musique ! Tournoyer comme David, c’est laisser monter à travers le corps la joie d’être vivant, la joie de croire qu’on est aimé, la joie de savoir que demain encore le soleil se lèvera pour nous, pour les oiseaux du ciel et les lys des champs, tout simplement (Mt 6, 26).
Une école de liberté
La danse est alors l’école de l’insouciance. Pour un instant le regard des autres ne compte plus, pour un instant les soucis restent à leur place : au bureau, à l’hôpital, à l’école mais pas ici. La danse est l’école de la réconciliation : réconciliation avec notre corps maladroit, gauche, trop comme ceci ou trop comme cela, mais toujours capable de se laisser bercer. Réconciliation avec celui qu’on aime : on se donne à nouveau la main, on se reprend par la taille, on marche du même pas. La danse est l’école de la justesse : juste distance, juste pression, juste maintien, voilà pourquoi elle éduque à la relation.
Et la danse est l’école de la liberté : quand les mains haut levées vers le ciel disent, sans qu’on ait besoin de parler, la joie d’être ensemble, de fêter un événement, de commencer une nouvelle aventure, ou plus profondément la joie d’être sauvé, alors le regard des autres n’est plus un souci, la honte de soi est reléguée aux oubliettes : danser, c’est s’accepter tel que l’on est. Et c’est bien comme ça que Dieu nous aime. “Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu” (1 Co 6,18).