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Tués, arrêtés ou enlevés… le lourd tribut des prêtres en 2023

Mass burial of Fulani victims

EMMY IBU |AFP

Des prêtres transportent les cercueils des prêtres tués par des bergers peuls, dans le district de Gwer, à l'est de l'État de Benue le 22 mai 2018.

Anne-Sophie Retailleau - publié le 11/01/24

L’Aide à l'Église en détresse (AED) a publié un rapport le 9 janvier sur les persécutions subies par les prêtres et religieux dans le monde en 2023. Quatorze d’entre eux ont été assassinés, quand 132 autres ont été arrêtés ou enlevés.

Une fois encore, les chiffres démontrent que 2023 aura été une année particulièrement sombre pour les chrétiens dans le monde. Tout particulièrement ceux qui concernent les prêtres et les religieux catholiques. Ils portent, eux aussi, au quotidien la croix de la persécution et de la violence. Un rapport de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) a établi qu’au cours de l’année 2023, quatorze d’entre eux ont été assassinés, principalement en Afrique. C’est certes quatre de moins qu’en 2022. Mais dans le même temps 132 autres ont été arrêtés ou enlevés, un chiffre en augmentation par rapport à 2022. 

Parmi ceux qui ont perdu la vie figurent onze prêtres, un évêque, un religieux et un séminariste. L’AED mentionne que sept d’entre eux ont été tués pour un motif directement lié à leur foi catholique. Sans surprise, le Nigeria arrive à la première place de ce funeste palmarès, avec trois morts en 2023, décédés dans d’atroces circonstances. Le père Isaac Achi et le séminariste Na’aman Danlami ont tous les deux été brûlés vifs à neuf mois d’intervalle, pris au piège par des attaques contre les presbytères où ils logeaient. En octobre 2023, le frère Godwin Eze, un moine bénédictin, est retrouvé mort après avoir été enlevé avec deux autres frères. D’autres prêtres ont été assassinés dans le monde en raison de leur foi, dont un en Afrique, un au Congo et un autre au Mexique. 

Autre forme très répandue de violente persécution, l’AED souligne que les enlèvements ont diminué en 2023 bien qu’ils restent très élevés et “toujours inquiétants”. Sur les douze derniers mois, 33 prêtres et religieux ont été enlevés, contre 52 en 2022. Là encore, le Nigeria arrive en tête des pays avec 28 enlèvements, suivent Haïti, le Mali, de l’Éthiopie et le Burkina Faso. Nombre d’entre eux sont toujours portés disparus à ce jour. 

Intensification des arrestations au Nicaragua

Si le nombre de meurtres et d’enlèvements a diminué, les arrestations arbitraires de prêtres et religieux catholiques ont, au contraire, considérablement augmenté en 2023 : 86 prêtres ont ainsi été arrêtés, alors qu’ils étaient déjà 32 en 2022. Le sort des chrétiens au Nicaragua a s’est encore dégradé, ce dont témoigne le nombre impressionnant d’arrestations rien que dans ce pays : le régime de Daniel Ortega a fait arrêter 46 ecclésiastiques, dont deux évêques. Si plusieurs prêtres arrêtés ont finalement été libérés, les arrestations ont repris de plus belle fin décembre : l’AED révèle que 19 ecclésiastiques “au moins” ont été arrêtés rien que sur cette période. Parmi eux, l’évêque de Siuna, Mgr Isidoro Mora, a été arrêté pour avoir simplement prononcé dans son homélie le nom de Mgr Rolando Alvarez, figure de résistance contre le régime. L’archevêque de Managua est incarcéré depuis le mois de février 2023, après avoir été condamné à 26 ans de prison.

Une réalité sans doute plus dramatique encore

La Chine n’est pas en reste, puisque l’AED mentionne que vingt hommes d’Église sont en état d’arrestation, dont certains portés disparus depuis des années. Il s’agit pour la plupart de prêtres et d’évêques appartenant à l’Église clandestine (de Rome, ndlr.), alors que le régime communiste contraint les catholiques à adhérer à l’Association patriotique des catholiques chinois, sorte d’Église officielle rattachée au gouvernement par une forme d’allégeance. Prudente, l’organisation internationale mentionne que ce chiffre est à considérer avec précaution car de possibles libérations ont peut-être eu lieu sans qu’il y ait eu de communication de la part des autorités, qui restent très secrètes sur ce type d’informations. Plus à l’Ouest, d’autres membres du clergé ont été emprisonnées en Biélorussie, et deux religieux gréco-catholiques arrêtés en Ukraine par les forces d’occupation russes en 2022 sont toujours en prison. L’Inde, dont les lois anti-conversion restreignent la liberté religieuse, arrête aussi régulièrement des prêtres et des religieuses pour les poursuivre en justice. 

Bien que précis, le rapport soulève avec prudence que tous ces chiffres ne représentent “que des cas confirmés”. L’AED n’exclut donc pas que la situation soit encore plus dramatique, avec un “nombre réel des persécutions (…) plus élevé”,  “compte tenu du fait que dans certains pays il est difficile d’obtenir des informations fiables”. Pour obtenir la plupart des informations qui lui ont permis d’établir ce rapport, l’organisation internationale s’appuie sur les églises locales avec lesquelles elle entretient d’étroites relations dans près de 140 pays.

Mais l’AED reconnaît qu’il est beaucoup plus difficile d’obtenir des informations dans des régimes dictatoriaux, comme la Chine et la Biélorussie. Dans ces pays, délivrer des informations trop sensibles “reste très dangereux”  pour un chrétien. Il faut donc rappeler que les informations contenues dans ce rapport ne peuvent être portées à la connaissance de tous qu’en raison du courage de certains chrétiens qui risquent leur vie pour la Vérité. 

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