En France, en 2020, 4 millions d’enfants ont des parents séparés. Chaque année, environ 380.000 enfants sont concernés par la séparation de leurs parents, dont 60% hors mariage. Si des enquêtes se sont déjà penchées sur les conséquences économiques des séparations pour les pères et pour les mères, c’est la première fois qu’une vaste étude longitudinale s’intéresse aux répercussions sur les enfants. France Stratégie, en partenariat avec l’Ined, a suivi et observé 36.000 enfants vivant une rupture parentale entre 2011 et 2019, et les a comparés avec 93.000 enfants dont les parents ne s’étaient pas séparés. Dans une note d’analyse publiée le 31 janvier et intitulée “Séparation des parents : quel impact sur le niveau de vie des enfants ?“, l’organisme souligne une nette dégradation du niveau de vie, et ce sur plusieurs années, ainsi que des conditions de logement.
Une baisse significative et durable du niveau de vie
“La séparation parentale implique bien souvent une baisse de niveau de vie conséquente pour les enfants”, soulignent les auteurs de l’étude, Carole Bonnet et Anne Solaz. Ainsi, les enfants dont les parents se séparent vivent l’année de la séparation dans un ménage dont le niveau de vie est en moyenne 19% inférieur à celui précédant la séparation. La baisse est encore plus importante pour les enfants qui vivent chez leur mère (25%), bien qu’elle soit rattrapée cinq ans plus tard.
Cette baisse de niveau de vie est significative et dure dans le temps : cinq ans après la séparation, le niveau de vie des enfants dont les parents se sont séparés demeure toujours inférieur de 12% à leur niveau de vie avant la séparation. Les enfants en résidence alternée sont davantage épargnés : l’année de la séparation, leur niveau de vie baisse de 12%, et de 6% six ans après.
La séparation du couple, un risque de pauvreté
Les séparations se traduisent par un risque accru d’entrée en pauvreté, notamment pour les enfants de ménages au niveau de vie intermédiaire. Le taux de pauvreté fait plus que doubler, pour atteindre 29% l’année de la séparation. Il est toujours de 21% cinq ans après, et peut atteindre un niveau très élevé pour les enfants de familles nombreuses.
Après un divorce ou une séparation, les déménagements sont plus fréquents. “Les séparations entraînent un déménagement pour six enfants sur dix dans les trois ans qui suivent la séparation”, précise l’étude. En outre, les enfants de parents séparés vivent davantage dans un logement social, notamment lorsqu’ils vivent avec leur mère.
Les couples mariés moins soumis au risque de rupture que les couples en union libre
L’Institut d’études a également calculé le risque de séparation parentale. “Tous les enfants ne sont pas soumis à la même probabilité de connaître une séparation de leurs parents”, estiment les chercheurs. Selon leurs calculs, c’est à l’âge de 7 ans que la probabilité est la plus forte. Les enfants uniques sont confrontés à une probabilité de séparation parentale plus élevée que les enfants appartenant à des fratries. Le mariage, un soutien pour les couples ? Il s’avère en tout cas que les enfants de parents mariés (ou pacsés) font face à une probabilité de rupture bien moindre que les enfants dont les parents sont en union libre. Enfin, les couples dont le niveau de vie est bas se séparent davantage que les couples plus aisés.
Des probabilités à prendre bien évidemment avec beaucoup de recul. Tous les couples en union libre avec un enfant unique âgé de 7 ans et un faible niveau de vie (et qui cumuleraient donc tous les facteurs de risque) ne sont pas voués à se séparer.