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Depuis plus de 200 ans, saint Louis veille sur cette église

ARY-SCHEFFER-SAINT-LOUIS-RECROP

Domaine public

"Saint Louis visitant les pestiférés" d'Ary Scheffer (1822).

Sophie Roubertie - publié le 15/02/24

Si parfois la destination des sanctuaires change, les œuvres qu’ils contiennent demeurent. Comme à Sainte-Croix-des-Arméniens, à Paris. Cette église aura souvent changé de nom au cours de son histoire. Mais on y trouve depuis plus de 200 ans le même splendide tableau de saint Louis.

Il est fréquent que la destination des sanctuaires qui maillent la France entière change au gré de l’histoire et des circonstances. Sainte-Croix-des-Arméniens en est le parfait exemple. Sa fondation remonte à 1622. À cette époque, des capucins venus du couvent de la rue Saint-Honoré, célèbres pour être pompiers-bénévoles lors des incendies de quartier, édifient une église dans le Marais à l’emplacement d’un ancien jeu de paume, sous le vocable de l’Immaculée Conception. L’église est reconstruite au début du XVIIIe siècle. Mais en 1790, les capucins sont expulsés. L’église devient rapidement paroissiale sous le nom de saint François d’Assise, rendue au culte en 1803. Le nom de Saint-Jean lui est associé à cette date. 

Depuis, cette église a été concédée en 1971 à l’Église catholique arménienne de Paris, qui ne disposait jusqu’alors que d’une toute petite église. Cette église arménienne est élevée au rang d’éparchie en 1986, ce qui correspond au diocèse dans l’Eglise catholique arménienne. La petite église, qui acquiert alors le statut de cathédrale, est rebaptisée Sainte-Croix-Saint-Jean et porte couramment le nom de Sainte-Croix des Arméniens.

Saint Louis pour toujours

Voyez comme le temps fait son œuvre. Mais certaines choses demeurent. Comme les œuvres d’art. Dans cette église, dès le début du XIXe siècle, il est choisi de compléter le décor de l’église avec plusieurs tableaux de grande taille (320 cm sur 260 cm), pour remplacer ceux déplacés pendant la Révolution. Parmi les thèmes choisis, Ary Scheffer, jeune peintre d’origine anglaise, reçoit de la Ville de Paris la commande d’un Saint Louis visitant les pestiférés. Son travail est présenté au salon en 1819, et sera installé à sa place définitive en 1822. La mode est au Moyen Âge, l’époque redécouvre les croisades et la chevalerie.

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“Saint Louis visitant les pestiférés” d’Ary Scheffer.

Saint Louis est ici représenté à Tunis, lors de la huitième croisade. Son regard fatigué et le soutien qu’il reçoit de son fils sont-ils la préfiguration de la mort qu’il subira lors de cette même croisade ?  Est-il déjà atteint par le mal qui le terrassera ? Le saint roi paraît invoquer le ciel à la vue des malades qui gisent à ses pieds, pendant qu’un vieux croisé à la barbe blanche, compagnon de cette aventure lancée pour sauver les lieux saints, lui étreint le bras. 

Le tableau a été restauré en 2019, en même temps que l’église qui l’accueille depuis maintenant près de deux siècles. Alors que ce sont le plus souvent les tableaux qui ont des vies mouvementées, d’église en musée, de cave en église, ici c’est l’édifice lui-même qui a vu passer le vent de l’histoire. 

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Tags:
Art sacréArtsParisSaint Louis
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