La tradition de retracer le chemin parcouru par Jésus le jour du Vendredi Saint, de la ville sainte au calvaire, est d’origine byzantine. Ce sont les franciscains de Jérusalem qui ont les premiers développé cette démarche de procession, de station en station, tout en méditant sur la passion et la mort du Christ. Au XIVe siècle, ils commencent à importer cette tradition de Terre Sainte à proximité de leurs églises d’Italie. Peu de fidèles pouvaient en effet se rendre en pèlerinage à Jérusalem. Le chemin de croix permettait alors à chacun de revivre la fin de la vie terrestre du Christ, sans s’éloigner de son domicile ou d’un sanctuaire proche de chez lui. Les chemins de croix, d’abord extérieurs aux églises, les intègrent progressivement, dans une taille plus réduite.
Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’implantation d’un chemin de croix sera libre dans les lieux pieux ; il fallait auparavant des autorisations particulières. Le nombre de stations variera considérablement : à l’origine, il n’y en avait que sept et l’on en comptera jusqu’à trente-sept. Leur nombre sera fixé à quatorze au XVIIIe siècle. Certaines des scènes sont issues de la Bible, d’autres viennent de la tradition, comme la scène de Véronique essuyant le visage de Jésus avec un linge ou les trois chutes de Jésus, épisodes que les évangiles ne contiennent pas.
Parfois, une quinzième station est ajoutée, celle du tombeau vide qui relie toutes les stations à la Résurrection. Il n’existe pas de règle obligatoire pour suivre le chemin de croix ou sur la forme des méditations. La démarche peut être individuelle ou communautaire. Les stations d’un chemin de croix doivent en revanche être marquées d’une croix. Elles sont parfois d’une extrême simplicité, mais sont souvent peintes ou sculptées d’une scène illustrant la station. On les retrouve aussi sur certains vitraux. La marche, même si elle est courte entre chaque station, entraîne à un déplacement intérieur, appelant chacun à suivre Jésus. Nos sens, par l’image et par le mouvement du corps, sont ainsi entraînés à entrer dans le mystère de l’amour de Dieu, mort pour nous sauver.